Abstractions d'espace

La présence de l’exposition « Fragilités » entre les vitres de la Maison de l’architecture était un prétexte tout trouvé pour aller discuter de son rôle et de ses velléités avec sa directrice, l’architecte Mireille Sicard. Propos recueillis par Laetitia Giry

Petit Bulletin : Comment fonctionne la Maison de l’architecture de l’Isère ?
Mireille Sicard : C’est une association de loi 1901 créée il y a vingt-cinq ans, qui réunit plusieurs architectes et reste ouverte à tous. Il y en a aujourd’hui plus d’une trentaine en France, mais qui sont plus récentes. La région Rhône-Alpes est un cas un peu particulier : il y a cinq Maisons de l’architecture, ce qui est beaucoup et montre une sorte de tradition des architectes, du partenariat spécifique qu’il y a dans la région et à Grenoble entre les mouvements associatifs et les différentes structures. Ici, les gens sont assez militants, assez investis. Quels sont ses objectifs ?
La diffusion de la culture architecturale vers deux publics. On crée un certain nombre de manifestations, de débats, de rencontres : comme des cafés d’architecture ou des visites de sites. C’est un ensemble d’activités que l’on déploie autour des expositions et de leurs thématiques. Le tout est très varié, pour intéresser le plus de personnes possibles. Car tout le monde ne connait pas forcément bien la culture architecturale, c’est donc utile de faire de la pédagogie, de la diffuser, de la faire connaître sous différentes formes. Le deuxième objectif est d’être, vis-à-vis des professionnels, un lieu de débat sur la pensée architecturale. Là, on constate que c’est plutôt intergénérationnel. On a des architectes à la retraite et d’autres plus jeunes, voire des étudiants qui vont venir participer et échanger sur ces questions avec des gens en activité. Nos locaux, avec leurs grandes vitrines, sont propices à l’exposition. Beaucoup de gens passent sur les quais, voient sans rentrer, ignorant souvent qu’il y a une salle en sous-sol.Comment s’est organisée cette exposition (voir encadré) ?
Pour cette deuxième édition de Carte Blanche, l’idée était de demander à une ou plusieurs agences de proposer une scénographie. Celle-ci crée un espace très agréable, c’est intéressant à visiter parce que c’est une façon de transformer l’espace. Le travail des architectes, c’est aussi cela : créer des perceptions qui peuvent être intéressantes, sur un registre d’émotion. Il y a vraiment l’idée que l’on rentre dans un univers particulier, et c’est dans cet univers que l’on va montrer quelque chose. C’est aussi pour cela qu’il y a des maquettes suspendues au milieu de ces bandes de papier. Ces trois groupes de maquettes représentent les trois groupes d’architectes différents, et l’idée n’est pas qu’une agence montre sa production, mais plutôt sa façon de réfléchir à des problématiques, d’avoir des références, de se rencontrer. Si c’était pour montrer une production, des panneaux sur les murs suffiraient. Pour la carte blanche telle qu’on l’a imaginée, on invite les agences qui le souhaitent à venir nous montrer leur réflexion sur l’architecture, avec bien sûr des productions, mais aussi des références plus théoriques, des choses qu’ils ont vues ou dans lesquelles ils vont puiser. Le titre de l’exposition, Fragilités, est je pense une entrée intéressante pour l’architecture, cela exprime une forme de sensibilité et une forme de force aussi. On se dit, utilisons la fragilité du métier d’architecte, qui doit toujours se reconquérir au fil de son travail, et transformons-là en force créative. Cela a donné lieu à neuf thématiques qui s’expriment au sous-sol. C’est une manière de venir voir, comprendre ou analyser une production architecturale.Les maquettes interviennent comme la matérialisation d’idées, de recherches ?
Une maquette peut être la simple représentation du bâtiment à une échelle réduite. Mais ça peut être aussi des maquettes pour réfléchir à une structure. Les architectes les utilisent beaucoup pour concevoir les espaces qu’ils créent. Celles exposées montrent ces différentes étapes. Certaines expriment un travail sur la volumétrie, d’autres sur la forme, elles peuvent être plus ou moins abstraites. Cela va de l’abstrait de la recherche d’une idée, au concret du bâtiment final. On aime bien en exposer parce que tout le monde n’a pas appris à lire des plans et c’est beaucoup plus facile de comprendre de quoi l’on parle avec une maquette. Le fait qu’elles soient suspendues exprime bien leur fragilité, le fait qu’elles représentent plutôt des idées. C’est la rencontre entre l’idée et la matière.Fragilités
Jusqu’au 23 juillet 2010, à la Maison de l’architecture de l’Isère (place de Bérulle)Café d'architecture : "L'évolution de la commande pour les agences"Mardi 29 juin 2010 à 19h

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