"Barbarians" : le théâtre absurde de Hesse & Romier

Barbarians

Galerie Marielle Bouchard

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

galerie / Étrange mise en scène figée dans l’action, l’imagerie du duo Hesse & Romier prend sa source dans l’absurde contemporain. Alors que le burlesque côtoie le détournement, le couple de photographes égraine une narration trompe-l’œil initiant une mythologie de l’intime. Un corpus fait d’étrangers tels des "Barbarians", nom de leur actuelle exposition visible à la galerie Marielle Bouchard.

Tandem à la ville comme dans la photographie, Cécile Hesse et Gaël Romier se rencontrent à l’École supérieure d’arts appliqués de Vevey, en Suisse, d’où ils sortent diplômés en 2000. Cette alliance constitue le socle d’une œuvre photographique où la matière artistique est intrinsèque à leur duo. Leurs « images naissent dans le faire », un faire commun où la forme devient génératrice de mise en scène de l’absurde, détournant le quotidien pour l’amener dans un théâtre décalé et subliminal.

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Depuis presque deux décennies, Hesse & Romier construisent, cliché après cliché, une mythologie contemporaine dans laquelle l’objet s’incarne avec sophistication sur les tirages Dibond, tandis que la prégnance du sens est mise en exergue par une maîtrise délicate du spectre lumineux. Soignant inlassablement le décor, le moment de la prise de vue et travaillant souvent de nuit pour élaborer leur propre éclairage, Hesse & Romier créent des tableaux-photos de l’étrange, à l’esthétique proche d’un conte baroque.

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Contes saugrenus

Une plasticité baroque construite grâce à la profondeur du noir et une dramaturgie de l'instant. Mais cette tragédie est diluée dans une iconographie malicieuse flirtant avec une ironie décalée. À l’instar de la Duchesse Vanille, grand format où l’empilement d’assiettes blanches laisse échapper une matière chair, celle d’une lingerie délicate et non d’une viande rosée.

De faux-semblant visuel en double sens sensuel, le duo s’amuse avec les codes et crée l’illusion dans le cadre. Lou, fourrure sur les épaules et chevelure blonde semblable au coquillage incongru des Yeux Décousus, verse absolument dans le trompe-œil : figée dans une posture énigmatique, le personnage est saisi en pleine session de trampoline. Instant de grâce volé, telle La Tour de télécommandes à la luminosité royale qui devient couronne d’une société versatile. La narration se loge également dans la récurrence d’une série, notamment avec Talons Épluchés et Ball-trap, instillant ainsi une mythologie inhérente à Hesse & Romier.

Dans cette narration photographique, les artistes empruntent d’autres voies tout en conservant le détournement des situations. Démesure de la végétation, le papier peint Pampa, « les Etrangères » inverse la dimension de la nature et offre encore une fois un décorum théâtral fait d’altérités ; tandis que les sculptures Pancrace prolongent en objet toute la finesse et la poésie de leur art. Un troublant dessein fait étrangetés du nom de Barbarians à découvrir à la galerie Marielle Bouchard.

Barbarians
À la galerie Marielle Bouchard jusqu’au samedi 3 juin

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