"Tomorrow" : la transcendance sans l'au-delà par François Germain

Tomorrow

La Grange Dîmière

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Exposition / Lieu patrimonial situé dans le Pays voironnais et datant de 1655, la Grande Dîmière est aujourd’hui un espace dédié à l’art. Comme on peut le constater en ce moment avec cette immense installation textile de l’artiste François Germain évoquant la fameuse Sagrada Familia de Barcelone. On l’a visitée.

Avec Tomorrow – installation textile à la Grange Dîmière du Pin, dans le Pays voironnais, l’artiste François Germain (que l’on connaît également comme directeur de la Théorie des Espaces Courbes, lieu d’exposition à Voiron) signe une œuvre remarquable. Et ce pour plusieurs raisons.

à lire aussi : Quand les artistes prennent la tangente à la Théorie des Espaces Courbes

D’abord parce que la légèreté de son œuvre contraste singulièrement avec l’imposante majesté – pour ne pas dire lourdeur – du lieu. Longtemps, d’ailleurs, l’artiste n'a pas souhaité répondre à l’appel à projets, considérant – peut-être à juste titre – que le bâtiment restait souvent plus fort que la proposition artistique. Et puis comment concilier la pesanteur inhérente au patrimoine et ses valeurs du passé avec l’appel à l’avenir contenu dans tout art contemporain ? La hauteur de l’édifice écrase-t-elle (toujours…) ce qui reste au sol ?

François Germain a répondu à ces contraintes en les contournant par un subterfuge : évoquer la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone par une architecture textile de quinze mètres de haut, vingt-deux de large et douze de profondeur avec quelque… 600 m2 de lycra !

« La spiritualité n’est pas que religieuse »

Une œuvre également remarquable parce que l’opposition initiale au lieu s’est vite transformée en réconciliation, cette « évocation fantasmée » voulue par l’artiste trouvant d’emblée son autonomie à l’aune d’une géométrie très graphique lui permettant tout à la fois d’affirmer que « la spiritualité n’est pas que religieuse », mais aussi – surtout – de montrer autant que de démontrer que, loin du volume et de la courbe, on peut heureusement virtualiser la matière.

Ce faisant, Germain a atteint son but dès lors que son architecture a tutoyé l’asymptote, cette épure verticale restituant à merveille, grâce à l’apparente fragilité du tissu, l’essence même du mysticisme – tant il est vrai que l’on peut être mystique sans être religieux.

Ces voiles s'offrent en effet aux regards en même temps qu'elles proposent une tension dynamique qui vient dialoguer sur le fond avec l’omniprésente injonction cartusienne à laquelle l’artiste répond très subtilement par un "hic et nunc" tout en perspectives, où les toiles de lycra viennent de surcroît se combiner en multiples propositions ascendantes et latérales – mais jamais neutres – entraînant le spectateur bien au-delà de l’œuvre. Sauf que cet au-delà se situe dès lors en chacun d’entre nous, et que cette transcendance se met précisément à fonctionner sans au-delà, juste avec le Tomorrow de François Germain…
Enfin parce que ce Tomorrow peut s’entendre To Moraud, en mémoire de son confrère Jean-Michel disparu en 2016… Comme quoi la transcendance sans au-delà peut (aussi) conduire à… l’éternité !
Tomorrow – installation textile
À la Grange Dîmière (Le Pin) jusqu'au dimanche 28 octobre

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X