"Du dernier cri" : Alain Le Quernec, graphiste rentre-dedans

Du dernier cri

Centre du Graphisme

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Exposition / Aussi attaché à sa Bretagne natale qu’à sa liberté de création, Alain Le Quernec est une figure singulière de l’affiche française. Le Centre du graphisme d'Échirolles lui rend hommage à travers une exposition rétrospective qui restitue bien l’énergie créative de l’énergumène.

« Affichiste, le mot est démodé. Graphiste, le mot est trop technique. Artiste, le mot est trop prétentieux. Publicitaire, pas d’insulte s’il vous plaît ! » Cette citation d’Alain Le Quernec donne une petite idée du personnage né en 1944 dans le Morbihan. Rentre-dedans, rigolard et un poil agacé par le système capitalo-consumériste dans lequel on se noie, l’homme refuse assez logiquement de travailler pour des entreprises privées et réalise essentiellement des affiches militantes ou à destination de manifestations culturelles.

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Formé, entre autres, par l’affichiste polonais Henryk Tomaszewski, Le Quernec a la particularité de n’avoir jamais cessé d’être professeur d’arts plastiques à Quimper. Concilier pédagogie et création lui a permis de nourrir mutuellement ces deux champs, mais également de maintenir une forme d’indépendance et de ne pas être aux abois derrière les contrats juteux.

Les mots au pied de la lettre

Dépouillées mais jamais simplistes, les affiches de Le Quernec s’apparentent à des sortes de collages délicieusement potaches dans lesquels les images jouent avec les mots qu’il aime souvent prendre au pied de la lettre. Ainsi, pour une pièce de théâtre, il symbolise la relation houleuse entre Lily Brik et Maïakovski, deux artistes de l’avant-garde russe du début du XXe siècle, par un tas de briques éclaté en forme de cœur. Irrévérencieux, il joue aussi avec les logos des partenaires institutionnels pour lesquels il travaille. Plutôt que de les caler sagement en ribambelle en bas de l’affiche, il les fait se balader à la surface de ses compositions comme de dérisoires timbres.

Surtout, régulièrement, il s’approprie avec ironie des figures de la peinture classique : un petit Jésus menacé par des mains ombrageuses pour dénoncer la pédophilie ou encore, en 1991, le saint Sébastien du maître de la Renaissance italienne Andrea Mantegna qu’il crible de cigarettes et accompagne de la mention « la pub tue » en détournant le caractère typographique de Marlboro. Un acte comique qui, par la même, interroge l’essentielle de l’activité de son propre corps de métier, à savoir faire de la pub.

Alain Le Quernec, du dernier cri
Au Centre du graphisme (Échirolles) jusqu’au dimanche 26 janvier

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