Quid de l'avenir du Cab ?

Coup dur pour la vie culturelle grenobloise. Le Centre d'art Bastille (Cab), l'un des principaux espaces artistiques de la ville, est menacé. Dédié à l'art contemporain, celui-ci fait aujourd'hui face à de grosses difficultés de financement, qui pourraient remettre en question la poursuite de son activité en 2013. Pour éviter cet écueil, l’équipe a lancé un appel public au don afin de trouver la somme nécessaire au bouclage de son budget. Rencontre avec Vincent Verlé, directeur des lieux. Guillaume Renouard

Le Cab, un élément central de la vie culturelle locale ? Pour Vincent Verlé, directeur du centre, ça ne fait aucun doute. « On est une porte d'entrée sur l'art et la culture. Notre mission, c'est à la fois de permettre la diffusion de l'art contemporain dans la ville, et de le rendre accessible pour le grand public. C'est à dire que chaque visiteur peut bénéficier d'une visite accompagnée de l'expo, et l'on essaie toujours de prendre le temps de discuter avec eux. Notre intention n'est pas de leur faire aimer ce qu'on propose, mais de le rendre intelligible. » Et de souligner la position stratégique du centre, qui lui permet d'attirer de nombreux visiteurs : « Notre emplacement est idéal puisqu'on se trouve sur le site de la Bastille, premier lieu touristique de l'Isère. Notre fréquentation est de l'ordre de 13 000 visiteurs par an. » L'éclectisme et la place accordée aux jeunes talents font également partie de la marque de fabrique du Cab. « On propose des expositions qui couvrent tous le champs de l'art contemporain, on essaie dans la mesure du possible de montrer des créations innovantes, et d'exposer des jeunes artistes. En veillant à rester accessibles. »

« 75% de nos besoins réels »

Mais pourquoi de soudaines difficultés, après sept années de bon fonctionnement ? « Notre budget est structurellement déficitaire. Nos recettes et nos subventions ne nous fournissent que 75% de nos besoins réelsD'ordinaire, on se débrouille toujours pour trouver des financements supplémentaires sur certains projets. En particulier, on faisait un mois consacré à la culture étrangère, qu'on n'a pas réalisé cette année. Nos partenaires souhaitaient faire une pause. Or, ce projet apportait de nombreuses subventions, et nous n'avons pas réussi à combler le manque à gagner avec les autres projets qu'on a développés. »

Le Cab s'est donc retrouvé avec près de 15 000 euros manquants. Des difficultés auxquelles le centre n'avait jamais été confronté. Et difficile d'envisager une réduction des coûts, dans la mesure où ceux-ci « défient déjà toute concurrence ». Le bâtiment est loué pour un coût très faible ; les expositions ont un budget de l'ordre de 500 euros tout compris (communication, transport des œuvres, honoraires...) ; le budget global oscille entre 70 000 et 90 000 euros, pour les plus grosses années (voir encadré pour plus de détails). Un montant très faible par rapport à la qualité et au nombre des projets.  En sept ans d’activité, le centre compte à son actif quarante quatre expositions présentant les œuvres de plus de 250 artistes, dont une cinquantaine produites spécialement par le Cab. Et Vincent Verlé tient à ce que les artistes bénéficient d'honoraires convenables, ainsi qu'à la quasi-gratuité de l'entrée pour les visiteurs : « On demande un euro de participation. »

Des débuts encourageants

Si le montant des dons se révélait insuffisant, il n'y aurait plus aucune issue et la fermeture s'imposerait. Mais cette funeste hypothèse paraît peu probable. D'abord, la campagne marche bien. « En un mois, on a déjà récolté 6 275 euros. Pour boucler l'année, il nous manque encore 7 500 euros, et à peu près 5 000 euros supplémentaires pour repartir à zéro en janvier. » Des sommes non négligeables, mais Vincent Verlé semble plutôt confiant. « On sent un véritable élan autour de nous. Surtout, comme le musée est reconnu d'intérêt général, les dons sont défiscalisables : une partie est déduite des impôts. C'est un atout non négligeable pour récolter de l'argent. »  Il ajoute toutefois que « les donneurs sont en majorité des gens qu'on connaît, qui fréquentent le centre d'art ».

Les artistes ont aussi manifesté leur solidarité : plusieurs d'entre eux ont confié au Cab l'une de leurs œuvres, auquel le profit issu de la vente reviendra intégralement. Enfin, une soirée de soutien est organisée ce samedi 15 décembre à la salle Lesdiguières de la Bastille, où concerts et performances seront réalisés gratuitement. Au programme : du rock psyché, du black métal, des cartes divinatoires, et un récit populaire... Bref, le Cab bouge encore.

Yes we Cab!, soirée de soutien, samedi 15 décembre dès 19h30

 

Des chiffres 

Les dépenses du Cab sont en grande partie consacrées aux charges de personnel (45%), aux frais de production (22%) et aux charges de fonctionnement (16%). Les recettes propres du centre ne contribuent aux recettes globales qu'à hauteur de 7%. Le reste provient de subventions de la part de la ville de Grenoble (22%), du conseil régional (20%), de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) (18%), et du conseil général de l'Isère (10%). Les 23% restants doivent être trouvés ailleurs. Souvent grâce au mécénat. Ils permettent au Cab de financer les productions des expositions et d'assurer la gratuité d'accès à ses ateliers pédagogiques pour le jeune public et les scolaires.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Lundi 29 novembre 2021 Les infos que l’on avait glanées sur son travail nous avait semblé parfois un peu fumeuses. Il n’en n’est rien ! L’exposition de Martin Belou au CAB est claire comme l’eau de roche qui la parcourt. Une superbe proposition qui ravira autant les...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X