Au Pot au noir, le théâtre est dans le pré

La Fête à Rivoiranche

Le Pot au Noir

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Dix-huit ans que le Pot au noir, « espace de travail et de création en milieu rural » situé dans le magnifique domaine de Rivoiranche à Saint-Paul-lès-Monestier, dans le Trièves, célèbre chaque année la rentrée culturelle un peu avant tout le monde. À l’occasion de la nouvelle édition de cette "Fête à Rivoiranche", zoom sur ce théâtre atypique avec son directeur artistique Valère Bertrand.

« Le Pot au noir, c’est une zone située dans l’Atlantique à équidistance du continent africain et du continent sud-américain. Une zone où, quand les alizés nord et sud ne se rencontrent pas, il n’y a pas de vent : les marins sont alors en panne. Et quand ils se croisent ça pète, c’est dangereux. Donc c’est un lieu de grand calme ou de grande agitation. Quand, à l’ouverture, on refaisait la charpente, les ouvriers nous ont dit qu’elle était de type bateau. Le terme nous a parlé. Surtout qu’en psychanalyse, le Pot au noir est un passage entre l’âge adolescent et l’âge adulte. »

Voilà pour l’origine du nom de ce lieu de création artistique niché en pleine nature, dans le magnifique cadre du Trièves, au pied du Vercors, à trente minutes au sud de Grenoble. Un théâtre tout juste majeur fondé en 1997 par le comédien Valère Bertrand, avec l’idée de mettre en place un espace pour les artistes.

« J’ai 30 ans à l’époque, dont dix ans de métier au sein des équipes grenobloises [il a fait le conservatoire – NDLR]. On était au moment où il y avait des équipes permanentes et où tu pouvais encore être apprenti. Il y avait les cinq : Chantal Morel, Serge Papagalli, Yvon Chaix, Jean-Vincent Brisa et Diden Berramdane. Plus le Centre dramatique national des Alpes. Quand j’ai proposé ce projet, il y a eu un engouement des copains. En gros, on ne va pas demander quelque chose pour travailler, on va se créer notre propre outil de travail. »

D’autant plus que Valère Bertrand constatait déjà une scission grandissante entre les lieux de diffusion et lieux de création. « Il était de plus en plus difficile de répéter dans les théâtres. »

Pas que pour les « cultureux »

Le domaine, niché en pleine nature, est splendide. C’est la famille de Valère Bertrand qui l’acquiert dans les années 1990, avec tout de suite l’idée de faire de la grange un lieu artistique – le château, dressé plus loin, sert à d’autres occupations, même s’il permet parfois de loger les artistes. « On a d’emblée voulu que ça ne devienne pas un lieu de culture pour cultureux qui travailleraient en circuit fermé, mais un lieu trait d’union entre des artistes et un territoire – le Trièves. Bon, évidemment, le premier public que l’on a eu, c’était les cultureux grenoblois. Au début, 90% de nos spectateurs venaient de Grenoble et 10% d’ici. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus ce territoire et un peu moins l’agglo. »

Les travaux ont été importants comme le domaine n’était pas fait pour accueillir des spectacles – « là il y avait cinq génisses et des abreuvoirs, là 40 centimètres de fumier… » nous explique-t-il lorsqu’on visite le bar. Des travaux qui ont permis au Pot au noir d’avoir l’aspect qu’il a aujourd’hui : un coin hors de l’agitation urbaine, avec une salle de 127 places, un espace de répétition modulable à l’étage, un bar qui peut s’étendre à l’extérieur lorsqu’il fait beau… Ça change des salles de ville parfois impersonnelles.

« Partager la gouvernance »

Depuis dix-huit ans, les artistes (isérois ou non) se succèdent dans ce havre culturel à l’économie fragile – 95 000 euros de subventions publiques sur quelque 140 000 de budget annuel selon Valère Bertrand qui, en comparant ces chiffres à d’autres structures culturelles environnantes, les trouvent très faibles. Avec une programmation variée, pas forcément uniquement théâtrale, regroupée autour d’une quinzaine de compagnies chaque année.

Mais Valère Bertrand verrait bien son Pot au noir, géré par une association, évoluer en coopérative artistique d’économie collective. « Les artistes qui passent ici, généralement ils aiment le lieu, ils ne nous trouvent pas trop cons voire sympas, des fidélités se mettent en place… Mais ils viennent chercher ce dont ils ont besoin sans trop se poser la question du comment cet outil vit. Après dix-huit ans d’organisation, j’ai envie que les artistes qui passent ici participent à la vie du lieu et aux réflexions. Je veux partager la gouvernance. D’autant plus qu’avec la loi Hamon de 2014 sur l’économie sociale et solidaire, de nouveaux modèles se mettent en place… »

En attendant, il lance cette semaine une nouvelle édition de sa Fête à Rivoiranche (le nom du domaine), qui existe depuis le début. « Quand on a commencé, une fois le truc nettoyé, on s’est dit : on fait quoi ? On fait une fête ! La première a eu lieu en 1998 avec six solos d’acteur dont un de ma part. Puis l’événement est devenu récurrent, il a pris une ampleur considérable [une vingtaine de compagnies en 2007 – NDLR], même si depuis 2010 on a réduit la voilure. Mais on l’a gardé, comme c’est un temps fort. Cette année, c’est quatre spectacles sur trois jours, dont un le dimanche de la chorégraphe Sylvie Guillermin qui est en résidence sur le Trièves jusqu’en 2017. »

Et, le samedi soir, une version du Mariage de Figaro proposée par une compagnie d’Auvergne dans laquelle le rôle de Figaro est tenu par Valère Bertrand lui-même. On trouvera aussi de la musique (le vendredi) et du jeune public (le dimanche matin). Il faut de tout pour faire un monde. Il faut aussi de tout pour faire une fête.

La Fête à Rivoiranche, du vendredi 4 au dimanche 6 septembre au Pot au noir (Saint-Paul-lès-Monestier)

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