Université Grenoble Alpes : la ruée vers l'art avec l'Espace scénique transdisciplinaire


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ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Jeudi 14 septembre sur le campus, dans le cadre de la journée de rentrée de l’Université Grenoble Alpes, sera ouvert un nouvel équipement culturel plus que prometteur – l’UGA mise vraiment sur la culture. Son nom ? L’Est, pour Espace scénique transdisciplinaire. On l’a visité en amont, et on a interrogé ses responsables pour comprendre à quoi il servira.

Nous voici sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, une matinée de fin août, afin de découvrir l’Est – acronyme pour le nom pas très sexy d’Espace scénique transdisciplinaire. Soit le nouvel équipement culturel de l'Université Grenoble Alpes, implanté à côté d’Eve – l’Espace vie étudiante. S’il se fait relativement discret avec son architecture sobre et sa surface au sol assez faible, c’est en pénétrant en son sein qu’on se rend compte de sa richesse : une salle de spectacle de 150 places on ne peut plus moderne et, surtout, quatre studios de création munis de grandes baies vitrées donnant sur l’extérieur. Plus des loges, un atelier de construction de décors et des bureaux pour l’équipe. Le grand luxe.

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Enfin, pas forcément pour Vanessa Delfau, directrice de la culture et de la culture scientifique à l’UGA. « C'est un équipement qui correspond au dimensionnement de l'université qui est la nôtre : on a l'un des plus gros départements arts du spectacle en France. On ne s'étonne pas d'avoir des salles de TP en chimie ou en physique extrêmement bien équipées. Un étudiant en chimie a besoin d'éprouvettes et de paillasses ; un étudiant en art du spectacle a besoin d'un plateau. »

« Des créations vont naître à l’Est »

D’accord. Mais concrètement, comment fonctionnera cet Est ? Célie Rodriguez, esponsable de la programmation et de l'action culturelle, nous explique : « Il servira bien sûr pour les formations et les filières qui font de la création, que ce soit en théâtre, en danse, en musique… Mais il sera à la disposition de tout le monde, comme par exemple de l'orchestre et du chœur de l'université. » Vanessa Delfau : « Cet équipement arrive à un bon moment, celui de la création de l'Université Grenoble Alpes [suite à la fusion des trois universités grenoboises en janvier 2016 – NDLR]. Toutes les filières pourront donc en bénéficier, qu'elles soient spécialistes ou non spécialistes. On peut imaginer que dans des filières de sciences dures, il y ait des ateliers de pratique artistique qui soient proposés ici. »

Pourtant, la fac avait déjà une salle de spectacle de 335 places : l’Amphidice, située dans ce qu’il convenait d’appeler avant la fusion l’Université Stendhal. Un Amphidice « très demandé » (la salle de l’Est viendra du coup en complément) qui ne permettait pas d’effectuer convenablement ce travail en amont de la représentation (merci du coup aux quatre studios qui arrivent). Surtout que, grâce à l’Est, l’université va accueillir des artistes quand leurs projets seront en lien avec les siens. Une première résidence de création de trois semaines a ainsi été accordée au metteur en scène Jean-François Peyret et aux comédiens Jeanne Balibar et Jacques Bonnaffé pour leur spectacle La Fabrique des monstres ou démesure pour mesure qui sera présenté en février à l’Hexagone de Meylan dans le cadre de la biennale arts-sciences. Et dont les travaux de chercheurs grenoblois nourriront le propos – il sera question de l’influence du dérèglement climatique sur la littérature. Célie Rodriguez : « Des créations vont naître à l’Est ! »

Un « cœur culturel » sur le campus

La fac investit donc dans la culture (l’Est a coûté 4.5 millions d’euros), en matérialisant un « cœur culturel » en plein milieu du campus. Célie Rodriguez : « L’Est est juste à côté de Eve, la maison des étudiants gérée par les étudiants pour les étudiants, mais aussi de la bibliothèque des sciences, de l'Amphi Weil qui accueille des conférences d'exception. Et on est à une centaine de mètres de la future Maison de la création qui accueillera des projets et des recherches en art création. » De quoi dynamiser encore plus la vie culturelle du campus.

Mais avant tout ça, il s’agit d’ouvrir cet Est. Ce sera pour le jeudi 14 septembre, de 10h à 18h. Des artistes investiront la salle de spectacle et les studios, dont la jeune compagnie grenoblois Le Festin des idiots qui proposera des relectures courtes, efficaces et drôles de classiques du théâtre comme le Hamlet de Shakespeare ou le Dom Juan de Molière. Et, devant l’Est, le circassien Yoann Bourgeois proposera sa Fugue / Trampoline, véritable moment de grâce aérienne. Tout ça en accès libre bien sûr, comme d’ailleurs la grande majorité de ce qui sera proposé à l’année à l’Est.


« Marquer la place de l’art et de la culture dans la vie de campus »

Trois questions à Marie-Christine Bordeaux, vice-présidente en charge de la culture et de la culture scientifique à l’UGA

Le campus grenoblois est très réputé pour les sciences. Mais l’art y a aussi sa place, et c’est ce que semble démontrer l’ouverture d’un tel bâtiment…

Marie-Christine Bordeaux : Cette place accordée à la culture artistique était déjà présente, mais aujourd’hui, on franchit une réelle étape avec l’ouverture de l’Est. Il y a une vraie volonté politique de marquer la place de l’art et de la culture dans la vie de campus, et aussi dans les enseignements et la recherche. Cette volonté sera amplifiée par la Maison de la création qui ouvrira en 2019, et sera plutôt tournée vers la recherche et la formation.

Ce choix d’investir dans la culture détonne en ces temps dits de crise…

Le campus de Grenoble a depuis très longtemps – plus de 20 ans – une vie culturelle intense et une politique culturelle ambitieuse. Et cette politique s’appuie, plus que dans d’autres campus universitaires, sur nos étudiants et nos personnels, qui sont acteurs de cette vie culturelle. L’Est renforce cette dimension. En effet, on pourrait se demander dans un contexte de grande inquiétude des acteurs culturels, du fait de la situation des finances des collectivités territoriales, s’il est bien raisonnable de construire un nouveau théâtre. Mais ce n’est pas un théâtre au sens classique du terme, plutôt un lieu de pratiques, d’échanges, de coopération et de partenariat.

Il ne s’agira pas de rentrer en concurrence avec le nombre impressionnant de salles de spectacle de l’agglo ?

Il existe d’autres salles de spectacle universitaires dans d’autres villes, mais elles ont été créées dans des environnements différents. Elles se situaient souvent dans des villes alors peu équipées sur le plan culturel si bien qu’elles jouaient le rôle de salles de création et de diffusion. À Grenoble, notre environnement culturel est très riche, exceptionnel du point de vue du spectacle vivant, nous jouons donc la carte de la complémentarité. Cela n’aurait pas de sens si nous diffusions des spectacles en concurrence avec les structures professionnelles.

L'Est est destiné à développer l’action culturelle du campus, à offrir un lieu équipé aux normes professionnelles pour nos formations artistiques, nos troupes étudiantes, nos projets qui croisent les arts et la recherche scientifique. Ce sera un appui important pour développer des relations partenariales avec les autres salles de l’agglomération et intensifier les relations entre nos territoires. Tous les directeurs et directrices de salle qui l’ont déjà visité ont compris et apprécié ce positionnement assez singulier, et nous ont proposé des projets à développer en commun.

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