Ils ont crié pour être entendus

Manifestation / Une grosse centaine de personnes s’est réunie jeudi 4 mars, en fin de matinée, sur le parvis du Musée de Grenoble pour dire sa colère face aux difficultés que traverse le monde culturel. Non sans un clin d’œil ironique au dernier déplacement de Roselyne Bachelot dans la région.

Ils ont vu la ministre de la Culture aux Victoires de la Musique classique, organisées à Lyon la semaine précédente. Cela n’a visiblement pas suffi à les convaincre que Roselyne Bachelot était véritablement à l’écoute des artistes. C’est à l’invitation du collectif Culture en Lutte, regroupant notamment des représentants isérois de la CGT Spectacle et du Syndicat national des arts vivants, que des manifestants se sont réunis place de Lavalette, ce jeudi matin. Depuis le début de la crise sanitaire, il y a bientôt un an, c’était déjà la quatrième fois qu’un tel rassemblement était organisé à Grenoble. Très symboliquement, l’idée des organisateurs était d’inviter chacun… aux Victoires de la Colère. On a connu manif’ plus houleuse : le ton des orateurs est resté assez mesuré, même lorsqu’une bonne partie des personnes présentes a accepté de jouer le jeu pour pousser un cri retentissant à 13h tapantes. Des débats devaient suivre une partie de l’après-midi.

« Ne pas crever »

Avant cela, qu’a-t-on vu ? Surtout des messages écrits, sur de rares pancartes et quelques banderoles. « Pas de culture sans droits sociaux », « État d’urgence culturelle. Arts, spectacles = essentiels », « Culture debout pour ne pas crever » … les slogans en disent long sur le terrible sentiment d’abandon qui saisit les professionnels de la culture. On a constaté, à l’applaudimètre, que les corps de métier étaient tous plus ou moins représentés, depuis les artistes eux-mêmes jusqu’aux techniciens du spectacle. Certains ont donné de la voix en se présentant comme simples membres d’un public privé de sorties. Quelques autres étaient venus avec leur instrument de musique ou leurs œuvres, alors posées au sol ou sur des cimaises de fortune pour une exposition éphémère.

Quand, à la tribune, Sandrine de Bettencourt, une (fausse) émissaire du ministère a demandé quelles seraient les revendications majeures des présents, la réponse a fusé : « Travailler ! », suivie de très près par les demandes de réouverture des cinémas, théâtres et musées, et de retour des festivals. La foule a ensuite eu droit à un quiz sur les citations de responsables politiques liées à la crise sanitaire. Ce n’est qu’après ce drôle de show qu’un dénommé Michel, « un vrai de vrai » à en croire celle qui l’a présenté, est venu parler au nom des syndicats. « Emmanuel Macron gère la crise comme un manager néo-libéral, en flux tendu et sans aucune anticipation, a-t-il dit. On constate la vision que le gouvernement a de ce qui est essentiel : la culture n’en fait pas partie. Nous sommes globalement en situation de très grande difficulté. Beaucoup de petites structures et de compagnies risquent désormais de se retrouver sur le carreau. » D’où, notamment, la demande d’un fonds d’aide pour les artistes, d’une prolongation des droits d’indemnisation « jusqu’à ce que tout le monde puisse retravailler normalement » et d’une couverture sociale renforcées pour les artistes jeunes mamans ou souffrant d’une affection longue durée.

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