Une occupation au Magasin ?

Mobilisation / Fermé de longue date, le Magasin des Horizons suscite l’intérêt d’un collectif, qui défend l’idée de le rouvrir pour « un CDD choisi » d’un mois. Les conditions d’une telle présence durable faisaient toujours l’objet de discussions dimanche 18 avril, à la mi-journée.

Ils ont relevé une partie du communiqué cosigné par l’État, la Région Auvergne Rhône-Alpes, le Département de l’Isère et la Ville de Grenoble, le 10 mars dernier. Ce jour-là, les quatre institutions admettaient que le Magasin des Horizons traversait « une période délicate », liée d’après elles à la crise sanitaire et au départ de sa directrice, Béatrice Josse. Samedi 17 avril, en milieu d’après-midi, c’est devant un Magasin toujours fermé qu’un collectif s’est réuni, au terme du parcours d’une Vélorution ayant rassemblé plusieurs centaines de personnes mobilisées contre « l’urbanisation agressive ».

Sans lien autre que de circonstance, l’autre groupe qui s’est détaché a permis la réouverture ponctuelle du centre d’art et témoigné de sa volonté de l’occuper pendant un mois. Pour cela, il s’est donc appuyé sur la conclusion du texte institutionnel publié plusieurs semaines auparavant : « Un temps de réflexion et de concertation doit être accordé à la préparation de cette nouvelle étape afin que celle-ci puisse s’ouvrir dans les meilleures conditions, dans l’intérêt de la mission de service public, des artistes, de leurs publics et du personnel qui contribue à la vie de ce lieu. »

« Essayer de nouvelles choses »

Dimanche 18 avril, dans la matinée, ils étaient encore une quarantaine sur le parvis du Magasin à vouloir s’installer durablement à l’intérieur, de jour comme de nuit. Ce week-end, ceux avec qui nous avons discuté n’ont pas souhaité s’exprimer en leur nom. Nous avons apparemment suscité la méfiance de quelques-uns, visiblement peu à l’aise avec l’idée que la presse s’intéresse à leur action dès le départ. Le projet du groupe ? C’est celui d’un « CDD choisi », selon les termes du tract-manifeste distribué la veille. Ceux qui se présentent sous un nom collectif – Les ami.e.s du Rouvre – ont plusieurs propositions : « Essayer de nouvelles choses, être un espace de création, être un.e ami.e pour le milieu associatif du quartier et surtout pour les gens, parce qu'en ces temps bizarrres, c'est de ça dont beaucoup ont besoin. C’est le bâtiment qui se donne le droit, pour une fois, de s’enraciner dans son quartier, d’être franchement grand ouvert, de faire son service public tout seul. Ça rouvre pour que celles et ceux qui ont envie de cet espace puissent y venir. » Une présence qui se déclinerait sous plusieurs formes, artistiques ou non : « Des peintures accrochées et des films projetés au mur, du matériel pour faire de la radio, des artistes au travail et au repos, des frites à emporter et à manger au soleil sur l’esplanade, des gens du quartier et d’autres d’un peu plus loin qui questionnent le rôle de ce lieu, des choses imprévues parce que venues de dehors. Tout ce qui s’inventera ici pendant un mois. »

Incertitudes sur la nuit

Il existe déjà un site Internet (www.lasuperette.info) pour relayer la démarche du collectif. Dimanche, en début d’après-midi, la manière dont il allait pouvoir se positionner et agir restait incertaine. Un planning prévisionnel a toutefois été défini, pour l’heure jusqu’au 25 avril. Sur le terrain, dès samedi 17 au soir, de longues discussions ont eu lieu, autour notamment de l’occupation nocturne. Elle n’a pu être effective la première nuit : après négociations, la Ville et l’association gestionnaire du Magasin ne s’y sont pas opposées, mais la préfecture n’a pas donné son feu vert, la police contraignant les manifestants à rentrer chez eux peu après 20h. Officieusement, il se dit que les autorités refusent d’avaliser le projet d’occupation d’un second site après celui toujours en cours de la MC2.

La municipalité grenobloise, elle, s’est toutefois présentée comme ouverte au dialogue. Elle a dépêché sur place son adjointe aux Cultures, Lucille Lheureux, et son directeur des Affaires culturelles, Sébastien Fraux. « Nous ne pouvons que saluer l’engagement des présents pour rappeler de façon pacifique, posée et réfléchie que le lien entre les personnes est fondamental, nous a dit l’élue samedi soir, présente ce jour-là à partir de 19h et revenue dimanche, à 12h30. J’ai un regard très bienveillant sur ce mouvement. Je ne connais pas encore les membres du collectif, mais j’espère qu’ils montreront qu’ils ont à cœur de toucher les publics. » Dans un contexte où la place et l’importance de l’art contemporain font débat, eux paraissent déterminés à prouver que c’est possible et se placent dans la lignée d’autres lieux, passés ou actuels, citant le Brise-Glace, les 400 Couverts, le Dispel, le 102, le Train Fantôme, le 38 et Utopia. « Ils avaient (ont) réussi à rendre vivant l'art pour Grenoble avec, en prime, le rayonnement international qui fait plaisir à tout le monde. Ce qu’on y fait (y a fait) ne pourra sûrement bientôt plus se faire nulle part », notent-ils pour appuyer leur propre démarche.

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