Cyril Laily : « Retrouver un certain art de vivre à la française »

Nouvelle tête / Âgé de 43 ans, il a succédé à Yves Exbrayat (parti à la retraite) à la direction générale de l’office de tourisme Grenoble Alpes le 1er juin dernier. Son credo : l’esprit pionnier du territoire, à la fois urbain et montagnard.

Comment présenteriez-vous votre parcours ?

Cyril Laily : C’est pour moi important d’être aligné par rapport à ce que l’on a envie d’être. Depuis une vingtaine d’années, j’ai travaillé dans les domaines du sport et de l’événementiel, au sein de grands équipements, puis dans le tourisme, avec l’envie d’apporter une nouvelle forme d’attractivité aux territoires. C’est ce qui motive mon projet à Grenoble.

Comment arrive-t-on au poste qui est le vôtre aujourd’hui ?

La forme du processus de recrutement est assez classique. Dans le fond, en revanche, le métier de directeur d’office de tourisme a beaucoup changé. Une vraie vision stratégique m’a amené à prendre position pour le développement touristique du territoire. Les marchés touristiques et les attentes ont considérablement évolué, avec la progression des places de marché et des plateformes de réservation en ligne. Il nous faut révéler cet extraordinaire écosystème qu’est Grenoble Alpes comme camp de base et travailler sur ses deux versants, urbain et de montagne, tout en faisant la part belle à la culture.

Quelle a été votre action au cours de ces premiers jours en poste ?

Le contexte restant sensible, il s’est agi de prendre mes repères très vite, avec des rencontres de leaders d’opinion socioprofessionnels du tourisme et de l’économie, et de me positionner sur les sujets essentiels de relance des marchés touristiques. Nous avons une actualité sur le lancement de la saison estivale. Rencontrer les hôteliers et restaurateurs est un processus long : il y en a énormément ! Avec la Métro, il nous faut aussi caler le projet d’attractivité de demain.

On a l’impression que la situation s’améliore, avec les restaurants et bars rouverts, la culture qui repart… vous partagez cette analyse ?

Aujourd’hui, l’attente des clients est forte de retrouver un certain art de vivre à la française, via la fréquentation de nos restaurants, bars et cafés, mais aussi d’animations en ville. Sur le plan sanitaire, nous espérons tous que les campagnes de vaccination lancées aux plans national et international vont produire un effet de tassement des courbes épidémiques. Dans le milieu du tourisme, on a la conviction que c’est bien reparti, même si les marchés n’ont pas retrouvé leur vitalité de 2019. Il faut réamorcer la pompe et redonner confiance.

Et penser le tourisme différemment, désormais ?

Différemment non, mais disons que la crise est aussi un levier pour des actions déjà engagées. Elle exacerbe plusieurs tendances déjà constatées : 1) la reconnexion aux siens – profiter de son entourage et prendre soin de sa santé, 2) la reconnexion à la nature – profiter d’un environnement proche et le vivre différemment, ce qu’on appelle le staycation, 3) la sobriété et 4) les enjeux environnementaux, avec une prise de conscience liée aux questions d’habitat et de mobilité. Il y a aujourd’hui de grandes attentes des clientèles pour des offres de séjour décarbonées, d’autopartage, d’itinérance vélo… ces grandes tendances se sont considérablement accrues du fait de la Covid.

La clientèle touristique serait-elle, elle aussi, amenée à évoluer ?

Nous en avons une très régionale, qui a conscience de tout de ce que le territoire peut offrir. En parallèle, nous en avons une autre, très internationale, du fait du fleuron économique que nous représentons aussi : nous accueillons des scientifiques, des ingénieurs et des entreprises leaders mondiales dans leur secteur d’activité. Aujourd’hui, nous devons à la fois capitaliser sur nos points forts et aller chercher une clientèle nationale et européenne (Royaume-Uni, Benelux, Suisse, Italie, Espagne, Allemagne).

Grenoble peut-elle être exemplaire en matière de tourisme vert ?

Elle l’est déjà, puisqu’elle va porter le titre de Capitale verte européenne. Il va se passer ici ce qui ne pourra se passer ailleurs au niveau européen, à tous les points de vue. L’objectif sera de faire de cette année 2022 une vraie rampe de lancement pour figurer durablement parmi les territoires qui inventent ce que sera le tourisme urbain de demain.

Du point de vue culturel, notre territoire se caractérise par la présence de grandes institutions, mais aussi le foisonnement de petits acteurs indépendants. Comment l’office de tourisme se positionne-t-il ?

Notre rôle est d’être un animateur. Nous ne souhaitons pas limiter le tourisme culturel à la culture… et réciproquement. Notre boulot consiste à faire de la culture dans son ensemble un facteur de promotion et d’attractivité du territoire, pour renforcer la fierté des populations sur ce qui se passe ici, mais aussi pour attirer des clientèles venues découvrir Grenoble sous un nouveau jour. Nous restons ouverts à tous les acteurs, étant entendu que l’intérêt touristique n’est pas seulement lié à la jauge d’accueil d’une salle de spectacle. En complément de l’offre muséographique, je pense, personnellement, que le sujet de l’art vivant est majeur pour Grenoble, ville cosmopolite et ouverte sur le monde. C’est un sujet fondamental pour nous, au même titre que les activités de pleine nature et le tourisme d’affaires.

Comment unifier l’ensemble des communes autour d’une même bannière ?

C’est précisément l’objet de notre marque Grenoble Alpes. Elle vise à fédérer les habitants et l’ensemble des parties prenantes (économiques, universitaires, associatives, institutionnelles et sportives) avec pour positionnement l’esprit pionnier.


Repères

Novembre 2000

Il est embauché comme directeur sports, animations et vie associative par la Ville de Massy (Essonne).

Juin 2004

Début de son premier passage pro à Grenoble, comme chef de service animation et exploitation à la direction des sports de la Ville.

Février 2010

Il poursuit sa carrière auprès de la collectivité du Grand Chambéry, comme directeur des équipements collectifs d’agglomération (jusqu’en mai 2016), puis directeur du développement touristique et des grands équipements.

Juin 2021

Rejoint à nouveau Grenoble comme directeur de l’office de tourisme Grenoble Alpes et d’Invest in Grenoble.

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