«Fusionner l'instrumental et les machines»

entretien / Directeur des Abattoirs et responsable de la programmation du festival ElectroChoc, José Molinas a répondu à nos questions. Propos recueillis par Damien Grimbert

Qu'est ce qui vous a donné envie de créer ce festival ? Quel est son objectif ?José Molinas : Le projet de la Smac –les Abattoirs, initié par la Ville de Bourgoin Jallieu, a débuté en 1999 et dés les premiers concerts hors les murs, le public a répondu présent et particulièrement en ce qui concerne les esthétiques liées aux musiques utilisant les nouvelles technologies ; ce fut le cas pour des concerts du type Mei Té sho, Ez3kiel, et autre High Tone, tous des groupes de la scène régionale et précurseur sur le plan national d’une certaine fusion machines et instruments. Les conditions acoustiques des lieux que nous utilisions n’étaient pas top , loin de là, malgré le matériel son et lumières que nous mettions en place, la qualité était minimale aussi nous avons levés le pied sur ces esthétiques des musiques actuelles en attendant d’avoir une « vraie » salle ! D’autre part, le Nord Isère renferme un certain nombre de DJ’s et autres livers , plus habitués aux « Raves » sous les bois et même s’il agit d’une organisation porteuse d’un certain état d’esprit, la qualité technique de ces soirées confond la puissance ( souvent excessive ) et la qualité du son. Avec l’arrivée de notre salle, nous nous devions de (re) donner sa place à ces musiques et à leurs acteurs, particulièrement régionaux.Maintenant connu de tous, la salle de concert des Abattoirs, avec son acoustique « mat » et une sono appropriée, permet de mettre en avant, au plus prés, les spécificités de ces musiques électroniques. Aussi, sans aller à dire qu’elle a été faite pour çà, on peut dire, qu’on se rapproche d’un confort idéal, (ce qui est d’ailleurs vrai aussi pour les autres esthétiques) pour écouter et vibrer avec les créations présentées. Le moment était donc venu en 2006 ( 2é saison ) de créer un évènement fort et aussi particulier. Situé au centre du territoire régional, avec une proximité de Lyon et Grenoble et avec un projet artistique et culturel précis, il n’était pas question pour nous de reproduire un évènement comme les Nuits Sonores de Lyon qui se suffisent à elle-même, voire le « Reperkuson » qui a commencé comme nous l’année dernière à Villefranche / Saône. Aussi le parti pris artistique du festival s’est orienté vers 4 objectifs majeurs :1) Privilégier les créations fusionnant l’instrumental et les machines2) Favoriser la présentation d’artistes internationaux et particulièrement européens3) Favoriser les rencontres avec nos artistes régionaux et leurs créations .4) Donner une place significative aux arts technologiques dont la Vidéo avec nos partenaires de VillefontaineEn fonction de quels critères s'est fait le choix des artistes ? Comment définiriez-vous l'axe thématique du festival ? En d'autres termes, qu'est ce qui réunit les artistes présents au festival ?Les critères de sélection artistique étaient donc posés et l’axe thématique privilégié précisé, il suffit de trouver l’alchimie pour le faire prendre et c’est ce que nous nous efforçons de faire avec cette 2é édition, renforcé par le soutien marqué des quelques 2000 spectateurs qui nous ont suivi l’année dernière. L’on peut se dire que 2000 entrées c’est « léger » pour un festival qui se veut ouvert, néanmoins pour nous, c’est la preuve d’un intérêt certain et aussi du travail à accomplir, particulièrement sur notre territoire de proximité, car la 1ére édition a vu un public éloigné et connaisseur nous rejoindre et nous encourager après quelques soirées qui marqueront l « âme » des abattoirs, j’en suis persuadé ! Enfin il faut relativiser car comme on dit, nul n’est prophète en son pays ; pour preuve une des têtes d’affiche de la 1ére édition était Dj VADIM avec son projet One Self ( superbe concert !!) où nous étions 150. On aurait pu être déçu du peu de fréquentation sauf que l’on a appris plus tard que passant à Barcelone, ville du « Sonar », plus important festival européen des musiques électroniques, il avait fait 250 personnes ; donc pas mal non pour le Nord Isère ?Une de ses particularités semble d'être autant, voire plus axé autour d'artistes "de scène" que d'artistes "club/dancefloor" ? La fusion avec d'autres genres musicaux (hip-hop, rock, world music) semble également avoir été privilégiée. J'imagine qu'il s'agit de choix délibérés, pouvez-vous me les expliquer ?Ayant une salle comme la nôtre, il aurait été fou de ne pas privilégier le spectacle vivant, ce qui ne veut pas dire que l’on ne peut y danser. La dernière soirée du festival, le 14 Avril accueillera d’ailleurs un des DJ anglais le plus représentatif de la scène Drum’nd Bass mondiale, Aphrodite et le « Dance Floor » va être chaud ; mais le public découvrira aussi ce soir là d’autres artistes comme les Slovènes ZIKEO, un autre DJ anglais Micky FINN, les français d’INTERLOPE et surtout WAX TAILOR que l’on attend impatiemment avec son nouveau spectacle. Pour la ligne artistique du festival, c’est exact, comme je le dis plus haut, la fusion avec d’autres esthétiques amène un plus, tant au niveau des sons, qu’au niveau de la création. La région Rhône Alpes et des groupes comme le Peuple de l’herbe, High Tone, pour ne parler que des plus représentatifs, ont été précurseurs de cette démarche, avec un label comme Jarring Effects entre autres. Notre volonté étant de privilégier la création régionale, il coulait de source d’aller explorer dans ces contrées musicales que des groupes comme The John Venture de St Etienne parcoure avec bonheur autour d’un Electro Hip Hop teinté de Rock progressif à l’anglaise, ou bien un DOEI avec un Dub arrosé de sonorités psychédéliques, d’un Cosmik Connection aux frontières de l’expérimental électro/dub/drum’njazz… pour ne parler que d’eux car ils seront prés d’une quinzaine, soit 50% de la programmation dans toutes le esthétiques fusion soit Electro Hip Hop, electro Rock et Indus, Electro World, Electro Jazz Jungle, Electro Dub………et cerise sur le gâteau, une orgue de barbarie- électro sera même de la partie avec une création spéciale Electrochoc; les sons du passé et du présent en un coup de manivelle par « La Trim » !Électrochoc est le festival des musiques électroniques, mais également des arts numériques. Pouvez-vous revenir sur la place accordée à ces derniers à l'intérieur de la programmation ?Les musiques électroniques utilisent fréquemment la vidéo, d’ailleurs pratiquement tous les soirs elle sera présente et nous avons sur notre territoire, au lycée Léonard De Vinci, chez nos partenaires de Villefontaine, un BTS audio Visuel avec qui nous travaillons régulièrement en accueillant leurs stagiaires. Il était donc évident à nos yeux qu’il y avait un partenariat à monter dans ce sens. Surtout que depuis sa création, Electro Choc se fait en partenariat avec la Ville de Villefontaine et que nous avons en nos murs le public du Bts régulièrement. Nous avons donc proposé diverses actions que les responsables et les élèves se sont appropriés et vous pourrez voir tout au long du festival, trois clips vidéo musicaux réalisés par des élèves allant de l’image au graphisme. De plus nous avons aussi organisé pour eux une conférence sur les musiques électroniques présentée par l’association « musiques actuelles » de St Etienne ainsi qu’un atelier avec le collectif d’arts technologiques de Grenoble, « Fluid Image » qui a présenté également une création vidéo dans les murs du lycée pendant quelque jours. On pourra d’ailleurs voir une autre installation du 2 au 5 Avril à la mairie de Villefontaine ainsi qu’une troisième, elle aux abattoirs, et pendant tout le festival par le collectif lyonnais « Monsieur HIII ! / le Matrice. Cette place aux arts technologiques a vocation à se développer dans les prochaines éditions avec nos partenaires du BTS audiovisuel sous diverses formes comme une nuit de l’image mais également des créations que nous avons déjà abordées cette année avec « Fluid Image » qui, pour l’occasion, créé une vidéo sur le spectacle d’ELECTRO BAMAKO et que vous pourrez voir le 5 à la salle volodia de Villefontaine et le 6 aux abattoirs pour notre nuit Electro World.Quelle est votre principale satisfaction concernant ce festival ? Et votre principal regret ?Il y en a plusieurs mais puisque il faut n’en donner qu’une c’est sûrement l’éclectisme de la programmation à la rencontre de l’international (11 pays représentés) et du local, notre région. Le principal regret s’est le concert des « Svinkels » qu’on nous a annulé et qui devait avoir lieu le 21 Avril, dont une semaine de festival de plus avec d’autres groupes pour un week end de plus. Mais tout compte fait c’est peut être mieux car c’est déjà 9 rendez vous sur 2 semaines que l’on propose et tout çà mobilise l’équipe des Abattoirs et des bénévoles fortement ; je les remercie d’ailleurs car sans leurs motivations, rien n’aurait été possible.Au-delà de votre statut de directeur/programmateur, forcément ouvert à toutes les tendances, par le biais de quels artistes avez-vous découvert pour la première fois les musiques électroniques ? Et quels sont vos goûts personnels en la matière ?Çà ne remonte pas à hier , en effet, j'ai connu l'époque où sont arrivés les courants allemands utilisant les synthétiseurs et mélotrom, avec des groupes phares dont Tangerin dream, puis Kraftwork, j'ai beaucoup aimé aussi un groupe comme Killing Joke, mais je dois dire que c'est surtout THE YOUNG GODS, il y a 20 ans , fusionnant le Rock et l'électro qui pour moi ont été des précurseurs des fusions instrumentales et nouvelles technologies appliquées à la musique que nous cherchons à mettre en avant aujourd'hui.Ce fut d'ailleurs un plaisir de les recevoir lors de la 1ére édition, et ils sont un peu les parrains du festival, tant dans l'esprit que dans l'artistique. Néanmoins, vivant avec notre temps, j'écoute au maximum ce qui se fait maintenant et des groupes comme The Herbaliser, Dj Dolores, Electro Bamako et surtout le dernier Wax Tailor sont souvent sur la platine, en ce moment

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