Libérer la pression

À l’occasion du 3e anniversaire de l’association Interface Electronics, entretien avec Alban Sauce, en charge de la programmation du Bar MC2. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Quel bilan tires-tu après 3 années d’existence ?
Alban Sauce : Un bilan plutôt positif. Déjà, ça a pas mal évolué, au départ, on cherchait un peu nos marques, c’était juste une soirée par mois, on ne faisait que de l’électro. Et là, ça fait plus d’un an et demi qu’on est passé à deux soirées par semaine, on s’est ouvert à pas mal d’autres styles musicaux, avant de se recentrer aujourd’hui sur tout ce qui est funk, soul, hip-hop et électro. Pour l’instant, on a un retour public vraiment intéressant, il y a souvent du monde, les soirées marchent bien, il y a une super ambiance… Je suis vraiment content. Et puis avec les années, notre notoriété augmente, les gens viennent maintenant sans connaître forcement le programme. Il faut dire qu’il y avait un vrai manque à Grenoble en termes de musiques de mix, alors qu’il y avait quand même une attente forte du public vis-à-vis de ces styles musicaux. On s’en rend compte surtout quand on fait venir des artistes type Ed Banger, Institubes, ou même Ninja Tune, à chaque fois, c’est la folie, un carton plein, parce que c’est des artistes que les gens connaissent et qu’on arrive à leur proposer a un moindre coût.Si tu ne devais retenir que 3 soirées sur ces 3 années ?
La première Ipod battle, c’était quand même assez extraordinaire, une sorte de grosse boum où c’était absolument n’importe quoi, mais en même temps hyper festif et vraiment bien, avec un super retour public. Je pense aussi à la première soirée Ninja Tune qu’on a fait avec Bonobo, là aussi c’était génial, son set était super, et les gens ont vraiment accroché. Et enfin Feadz, parce que musicalement, c’était énorme, je m’attendais à beaucoup d’électro, en fait il a joué de tout, il s’est vraiment éclaté, le public était présent, les mecs ont mis le feu… J’ai trouvé ça génial, c’est peut-être même la meilleure qu’on ait faiteTa plus grosse montée de stress ?
Samedi dernier ? Ces derniers temps, on a eu pas mal de problèmes de sécurité, des vols de sac, des mecs qui sont venus avec des flingues sur eux, une personne s’est fait tirer dessus sur le parking de la MC2 pendant qu’on avait une soirée à côté… Du coup, on est vraiment dans un climat d’incertitude où on ne sait pas ce qui va se passer, ce qu’on va pouvoir faire, ce qu’on va devenir… On a la pression vis-à-vis de la MC2, on se met la pression nous-même parce qu’on n’organise pas des soirées pour que ça se batte ou que ça se tire dessus... Du coup, on va être obligé de jouer la dissuasion, en rendant payantes les soirées gratuites du vendredi, qui nous tenaient pourtant énormément à cœur depuis le début. Malheureusement, on est obligés d’en passer par là pour calmer les esprits. Ensuite on va voir comment ça va évoluer d’ici fin juin et puis faire le point en septembre. Mais voilà, même s’ils ne le souhaitent pas, et même si on n’est évidemment pas responsables, la MC2 peut très bien décider du jour au lendemain d’arrêter les soirées pour des raisons de sécurité. Donc en ce moment c’est assez tendu pour nous, et au-delà d’Interface Electronics, ce sont les 700 à 1200 personnes qui viennent chaque week-end qui sont directement concernées.Le fait d’être programmateur depuis 3 ans, ça a fait évoluer tes goûts musicaux ?
C’est vrai qu’en 3 ans, ma vision de la musique s’est vraiment élargie. À la base, je suis vraiment très orienté musiques électroniques, quand on a commencé, on faisait uniquement de l’électro, de la techno, de la house… Mais avec ce métier, tu deviens curieux, tu te mets à écouter beaucoup de musique tout le temps, et du coup tu découvres énormément de groupes intéressants dont tu ne soupçonnais pas l’existence, tous styles musicaux confondus. J’ai toujours eu pas mal d’attirance pour le hip-hop par exemple, mais c’est quelque chose qui me plait encore plus maintenant. Et puis le fait d’inviter des artistes locaux à jouer au bar, ça m’a aussi ouvert à plein de trucs. Par exemple, au départ, il faut le dire, je détestais vraiment le reggae. Mais après avoir organisé quelques soirées dans le style, franchement il y a quelques trucs que j’ai découvert et que j’ai trouvé super… Un autre exemple, comme je viens vraiment de la techno “classique”, je n’étais pas du tout intéressé par ce que font Ed Banger, Institubes et consorts. Mais si tu veux que tes soirées marchent, tu es obligé de répondre à une certaine demande. J’ai donc été forcé de me plonger là-dedans, de choisir des artistes… Et du coup, fatalement, tu finis par découvrir certains trucs qui te plaisent.Interface electronics

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