« Une baisse de 20 à 30% du chiffre d'affaire »

Pour en savoir plus sur l’état du monde de la nuit, on a interrogé Patrick Malvaës, président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs. État des lieux partisan avec un professionnel remonté. Propos recueillis par AM

Petit Bulletin : Comment se porte le secteur des discothèques en ce moment ?
Patrick Malvaës : Nous avons un observatoire national de la santé du secteur qui a bien noté une baisse de 20 à 30% du chiffre d’affaire des établissements de nuit. Concrètement, il y a deux sortes de traduction. La première, c’est la consommation des clients, qui ne se focalise plus que sur une ou deux soirées de la semaine. La deuxième, c’est qu’il y a moins de sorties en discothèque, au profit des bars et de l’alcoolisation domestique par exemple.Et c’est lié à la crise ?
Il y a une combinaison de facteurs. D’abord la structuration du secteur des loisirs de nuit qui se modifie. Les bars à ambiances musicales sont devenus plus attractifs, parce que les prix sont plus bas, parce qu’on leur permet d’ouvrir jusqu’à deux heures du matin. Puis vous avez aussi à l’autre bout de la nuit, les afters, fréquentées par des jeunes qui ont passé la soirée chez eux. Deuxièmement, il y a la réglementation de la police administrative, qui fait que les pouvoirs publics mènent une politique ultra répressive envers les établissements et les jeunes. Avec cette logique, on nous refuse les ouvertures tardives, donc la clientèle préfère prendre la bagnole et se casser à l’étranger, à Genève ou à Lausanne. Troisièmement, il faut aussi prendre en compte les contraintes inhérentes à notre métier. Nous devons passer un permis d’exploiter tous les dix ans, ensuite il faut avoir un certificat d’isolation acoustique, il y a aussi eu la loi sur le tabagisme qui a fait pas mal de ravage, on nous a collé une nouvelle taxe avec la Spre [Société civile pour la perception de la rémunération équitable, NDLR] pour la rémunération des artistes interprètes et des producteurs de disques – les pauvres petits, ils ne s’en sortent pas, il fallait donc ponctionner le mourant…Les discothèques sont mourantes selon vous ?
Je considère que la distraction et le loisir sont une soupape indispensable de la société. Malheureusement, les pouvoirs publics n’ont pas vu le parti qu’ils pouvaient en tirer. Le métier va donc perdurer, même si on est passé de 4000-4500 discothèques à moins de 2500 : la moitié du parc a disparu, et je trouve ça un petit peu idiot en terme de cohésion sociale. Peut-être aussi, pour être juste, que certains patrons de discothèques, prisonniers du succès passé, n’ont pas su s’adapter aux évolutions, en proposant un produit un peu vieillissant et pas forcément attractif. Mais maintenant, les nouveaux exploitants sont vraiment bien à jour des choses, et ils ont tous leurs sites Facebook et autres !

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