«Sortir du schéma week-end»

DJ, organisateur, et créateur de label, Mike, du collectif Bass4Sofa, est également un observateur affûté des soirées grenobloises. On lui a demandé son avis sur le sujet. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit bulletin : Les points forts des soirées à Grenoble ?
Mike : Déjà il y a un vrai vivier d’artistes, une vraie envie… Et musicalement, la qualité est là, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant. Mais surtout, on a vraiment réussi à intégrer l’esprit “club“ : aujourd’hui, tu peux aller écouter Para One en basket avec un baggy, on est sorti de l’aspect “boîte de nuit provinciale“, où t’es obligé d’être habillé en Armani, d’écouter de la musique de merde… Et ça, c’était pas gagné au début ! Aujourd’hui, la qualité de la programmation est bonne, les lieux aussi…

Mais chaque lieu a “son“ public, ça manque un peu de mixité, non ?
Je ne pense pas que ça vienne des lieux : les programmateurs sont ouverts d’esprits, ils jouent le jeu de la diversité... C’est plus dû au public. Tu prends la majorité des étudiants par exemple, il y a un côté vachement consumériste, “on va à 15 au même endroit“, et du coup, ça va donner une image aux lieux que ces derniers ne cherchaient pas forcément à l’origine, mais qu’ils sont obligés d’adopter pour répondre à leur clientèle. Du coup c’est vrai qu’aujourd’hui, pour caricaturer, si tu veux faire une soirée hardtek avec 10 DJs successifs, tu vas à l’Ampérage, si tu veux écouter une musique avec une esthétique un peu marquée, tu vas au Mark XIII, et si tu veux voir une grosse pointure internationale, tu vas au Bar MC2…

Qu’est-ce qui manque le plus ?
Plus de curiosité de la part du public. Mais ça, je pense que c’est dû à la disparition des soirées en semaine, des premières parties de soirées... Depuis 4/5 ans, on est vraiment rentré dans un schéma “week-end“ où les programmateurs misent tout sur la grosse soirée, et du coup, ça crée une approche un peu MacDo : «Ok, maintenant j’ai payé, envoie du gros, je veux finir à 5 heures du mat’ complètement mort». Par exemple s’il y a Para One qui passe, si tu connais, tu vas y aller, mais si tu ne connais pas, tu ne vas pas prendre le risque, parce qu’il faut maximiser ton samedi soir. Du coup, ça devient difficile de découvrir, respirer, discuter, partager, échanger… Alors que c’est comme ça que tu crées une communauté artistique. Résultat, tu as plein de jeunes vraiment doués qui se retrouvent à faire des soirées dans des champs ou des apparts, pour leur petit groupe de potes… C’est super dommage !

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