Ne pas faire son étroit

Quelques mois après leur concert fiévreux au Cabaret Frappé, les musiciens de Narrow Terence honoreront la Source d’un live qu’on espère tout aussi habité. Entretien avec le chanteur - guitariste - batteur Antoine Puaux. Propos recueillis par FC

Petit Bulletin : En vous croisant avant votre performance au Cabaret Frappé, vous sembliez très énervé, je me suis dit que ça s’annonçait mal, mais finalement vous avez transformé ça en rage scénique… Vous avez besoin de vous mettre dans cet état-là avant de jouer ?
Antoine Puaux : En tournée, faut rester très concentré, je pense qu’on a encore besoin de progresser pour proposer quelque chose que j’estime de qualité. Je suis un peu perfectionniste, et c’est vrai que je suis rarement sorti d’un concert très content… Mais là, l’énergie négative venait aussi du fait que j’avais l’impression qu’il fallait se battre pour un public qui ne nous connaissait pas, qui ne savait pas ce qu’on faisait. Il fallait libérer une énergie peut-être parfois maladroite, mais je pense que si t’es motivé, les gens te suivent. Surtout avec le public du Cabaret Frappé qui est assez familial, on savait pertinemment qu’en jouant tard, après la tête d’affiche de la soirée, on allait perdre des gens. C’était peut-être vain de se battre comme on l’a fait, faut juste faire son truc, comme a pu nous le dire le directeur du festival. Dans tous les cas, c’était une bonne leçon. En même temps, on m’a raconté deux de vos concerts, l’un avec Calexico et l’autre avec EZ3kiel, où des musiciens des deux formations vous ont rejoint sur quelques morceaux… vous ne seriez pas super sympas, en fait ?
C’est ce que nous dit notre manager, on serait le groupe le plus sympa du monde ! (rires) Bon, personnellement, je ne pense pas être quelqu’un de très sympathique, en tout cas mon frère est très très sympa, ça j’en suis sûr. EZ3kiel, on les a rencontrés par le biais de notre violoniste Buni, on s’est très bien entendus, on a la même éducation musicale, on apprécie des trucs comme Queens of the Stone Age ou Mike Patton... Ils aimaient ce qu’on faisait, ils nous ont proposé d’enregistrer un morceau avec eux sur leur dernier album, et des dates en commun se sont naturellement enchaînées. Et pour Joey Burns de Calexico, c’était vraiment une belle surprise, il s’est mis au piano pendant qu’on jouait un titre pour une radio et a joué avec nous sur ce morceau et un autre. Et il nous a refait le coup sur scène, avec un grand enthousiasme, c’était vraiment un très beau moment. Vous changez régulièrement d’instruments pendant votre set, c’est pour rester dans l’état de fragilité de vos compos ou pour torturer votre ingé son ?
Un peu, même si l’ingé son commence à comprendre le truc… (rires) Mais par rapport à nos débuts, ça s’est franchement calmé. On a fait ça par défaut à la base, j’étais grosso modo le seul vrai batteur dans le groupe, mais je tenais aussi à jouer de la guitare, ce qui fait qu’on en est venus à ce système, Nico et Benoît se sont mis à s’échanger basse et guitare… Ce n’était pas calculé, mais on trouvait ça sympa, les gens l’ont noté et ont apprécié. Le titre de votre album, du morceau éponyme et de Bottom Bitch viennent de la série The Shield, vous citez régulièrement vos réalisateurs fétiches en interview… Quelle place accordez-vous à ces références pop dans votre façon de travailler ?
C’est surtout des clins d’œil, mais c’est aussi comme ça qu’on fait notre vie musicale, par rapport à ce qu’on vit dans le moment. Quand je composais Bottom Bitch, j’étais en plein dans The Shield, en train de me dire que tous les noms d’épisodes étaient mortels, celui-là collait bien à la chanson et je trouvais ça marrant. En petites références à Calexico et à l’épisode de The Shield évoquant les Narco Corridos (des mariachis chantant les exploits de gangsters locaux), on s’est mis à réarranger un instru vers une orientation plus mexicaine, en demandant à des potes trompettiste et saxophoniste de venir faire du son avec nous sur ce morceau, ce qui n’était pas vraiment prévu à la base. C’est en fonction de ce qui nous passe par la tête, et là il s’agissait en l’occurrence d’un bon hasard. Peut-être que le prochain album sera sous influence scandinave, avec des fjords et des vikings… Aux débuts du groupe, vous avez donc créé le personnage de Narrow Terence, un cow-boy de l’Est… Que comptez-vous en faire, est-ce qu’un concept album autour de cette figure serait possible ?
Pour l’instant ce n’est pas d’actualité, les chansons qu’on compose pour le troisième album seront dans la lignée de Narco Corridos. Mais c’est un exemple de la schizophrénie du groupe : mon frère Nico a créé ce personnage de “Terence l’étroit“, il aime beaucoup les histoires, les contes, dire qu’une chanson est inspirée de telle histoire vraie alors que ce n’est pas le cas. Tandis que de mon côté, j’écris essentiellement des textes d’inspiration assez quotidienne, surtout pour coller le mieux possible à la musique. Mais vos deux identités se concilient bien dans le projet…
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai un autre groupe à côté, une formation métal, un genre musical dont je suis fan et où je peux me permettre des choses qui ne colleraient pas à l’univers de Narrow Terence. C’est aussi ça un groupe, fonctionner en conciliation. Nico n’est pas très Metallica, je ne suis pas très Bonnie Prince Billy. Mais à côté de ça, on arrive toujours très naturellement à trouver des morceaux qui nous correspondent. Narrow Terence
Vendredi 1er octobre à 20h30, à la Source (Fontaine)

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