Accords et à cri

Adeptes de canevas musicaux complexes transcendés à grands coups de déflagrations noise et de sonorités électroniques, les groupes Aucan et Picore devraient séduire aussi bien érudits rock qu’amateurs d’émotions pures. Damien Grimbert

En dépit du compte-rendu absolument dithyrambique d’un de leurs concerts par un membre haut placé de la rédaction qu’on ne citera pas ici et d’une signature sur le label Africantape qui nous a jusqu’à présent habitués à des sorties de très bon goût, force est de reconnaître qu’on attendait d’écouter Black Rainbow, le deuxième album du trio italien Aucan, avec une certaine appréhension. Pour une raison toute bête d’ailleurs : l’appellation dubstep-noise annoncée n’allait-elle pas déboucher sur une espèce de fusion un peu dégueulasse, comme ces groupes de néo-métal pourrissimes des années 90 avec pseudo-DJ-qui-fait-des-scratches pour faire joli ? La réponse est heureusement tout autre. Après quelques morceaux introductifs un peu trop trip-hop pour être honnêtes, l’alchimie entre les deux styles s’établit rapidement pour aboutir à la création de climats sonores hallucinés et assez superbes, où wobbles ravageurs et murs de guitares s’entrechoquent avec une belle violence, non dénuée d’inventivité pour autant. Seul petit défaut, les vocaux n’apportent objectivement pas grand-chose. On ne peut pas tout avoir, hein. Ah, et comme on vous l’a dit plus haut, en live, c’est visiblement encore dix fois mieux.

Assyrie et compagnie

On en vient ensuite au cas Picore, qu’on connaît bien parce qu’ils viennent de pas très loin (Lyon), et qu’ils nous ont déjà gratifiés deux fois de leur présence devant des audiences d’approximativement vingt-cinq personnes à chaque fois (alors qu’ailleurs, ils remplissent des salles entières: Grenoblois, c’est quoi votre problème ?). Musicalement, ça se situe quelque part entre noise, ambient, post-rock et électro, et discographiquement, ils viennent de sortir à l’automne dernier sur Jarring Effects leur grand œuvre, Assyrian Vertigo, qui bénéficie à la fois de l’adjonction d’un batteur (venu des glorieux Lutins Patates de l’Espace) au quintet initial, d’un mixage effectué par Alap Mopin de Dalek et d’un mastering assuré à New York par le grand Alan Douches. Aussi ambitieux qu’aventureux, Assyrian Vertigo est un peu trop long et touffu pour être pleinement apprécié en une seule écoute, mais au vu de leurs impressionnantes prestations scéniques passées (les vingt-cinq personnes présentes les dernières fois en témoigneront), on a bon espoir que sa transposition live prenne mercredi prochain l’allure d’un fabuleux catharsis sonore. En tout cas, on n’en attend pas moins.

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