Toujours électriques

La Caution

La Bobine

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En concert ce samedi à la Bobine dans la cadre du festival Jour & Nuit, la Caution est un peu au hip-hop français ce que "The Wire" ("Sur écoute" en VF) est à la série télé : un ovni hors-norme à la fois subtil et tranchant où le fond et la forme s’allient à la perfection, et où chaque saison dévoile une nouvelle facette sans perdre en cohérence globale. Rencontre avec Nikkfurie, moitié du groupe. Damien Grimbert

Votre dernier album, le dyptique Peines de Maures / Arc-en-Ciel Pour Daltoniens remonte à 2005. Un nouveau est-il en préparation ?
Nikkfurie : Oui, ça a pas mal été reporté, mais on est sur la finalisation de ce qui sera a priori le dernier album de La Caution. Du coup, on a vraiment hyper à cœur de boucler la boucle avec une tuerie à la hauteur de nos deux précédents albums. Là, on a encore quelques mois de travail, mais ça devrait sortir début 2014.

Depuis vos débuts, vos albums ont toujours été très avant-gardistes…
C’est difficile d’en parler sans s’envoyer des fleurs, mais oui, on a toujours eu un temps d’avance. Entre le milieu et la fin des années 90 par exemple, on avait déjà commencé à intégrer tout notre background électro originel style afrika bambaataa, en le mélangeant avec les influences très européennes, très froides, de la new wave et de la coldwave qu’on entendait enfants à la radio. On a la chance de ne pas faire des albums "fast-food", et ça nous permet d’avoir une longévité par disque assez exceptionnelle dans le rap français : on a tourné pendant quasiment 8 ans sur le dernier album, mais jamais dans un créneau "revival", le public continuait à nous découvrir. Du coup, on n’a pas vraiment de pression au niveau du business, "aujourd’hui, il faut qu’on fasse ça ou ça". On évolue vraiment dans la continuité de nos précédents albums, on est dans le défrichage, mais ça se fait de manière hypernaturelle, toutes nos influences premières sont toujours en action, et ce sont elles qui nous permettent de découvrir de nouvelles manières de voir les choses.

Justement, une de vos particularités, c’est d’avoir à la fois une identité extrêmement forte et une ouverture très large...
Ce qui fait la force de la Caution, je pense, c’est qu’on s’est toujours laissés guider par notre identité, que ce soit dans les lyrics ou la musique : des rebeus, fils d’ouvrier, grandis en banlieue parisienne dans une certaine précarité, mais qui ont toujours eu le cœur et les couilles de faire face aux choses, et qui grâce à Dieu, ont réussi à toujours se dépatouiller. « Je suis pas loin du vice, mais je suis tout prêt de l’honnête »: il y a plein de lyrics comme ça qui nous définissent purement et simplement, et sans naïveté, sans cette espèce de victimisation qu’on peut retrouver dans le rap, mais qui n’a jamais été notre propos. On a toujours eu aussi cet amour du lyricisme, on a pu écrire parfois des trucs à la valeur purement esthétique, je pense à Hi-Tekk surtout qui a des phases monstrueuses, une sorte de poésie urbaine avec un côté très science-fiction.

On retrouve aussi ces deux dimensions dans votre musique...
C’est pareil, en musique, on a une ouverture totale : notre genre principal, c’est le hip-hop, mais notre "vibe" est construite sur un background musical à la fois direct et indirect, qui va de ce qu’on a écouté de façon complètement assumée, de la musique arabe à la funk en passant par la soul et bien-sûr le hip-hop, à tout ce qui est rock, pop-rock et aussi toute cette musique new wave un peu cheap, qu’on a entendu de manière indirecte pendant notre enfance. On a toujours eu ce truc là de ne pas forcément écouter la musique de gens qui nous ressemblent, la musique des quartiers, on écoutait aussi des trucs comme Duran Duran, des trucs hyper cheesy, hyper-soft, la pop la plus mielleuse… Et c’est toute cette espèce de mélange qui donne le son La Caution. Par exemple, on est hyper fan de certains sons de DJ Premier, mais en même temps, ça ne nous a pas menés pour autant à faire du DJ Premier, on a toujours fait notre truc.

Ca n’a pas toujours dû être évident à imposer ?
Au début, tout le monde nous disait « vos sons, ils sont bizarres », « vous rappez trop vite, on comprend rien à ce que vous dites » « c’est trop compliqué »…  Mais ce qui nous a amenés vers cette musique, c’est justement ce côté hypercréatif, nouveau, révolutionnaire : tu prends Rick Rubin, cette espèce de punk fasciné par l’énergie du rap, et qui décide d’en faire quelque chose d’extraordinaire avec Run DMC, Beastie Boys, Public Enemy… Ensuite, c’est vrai que cette dimension créative, artistique, n’est pas forcément ce qui a été le plus mis en avant en France, mais pour nous, c’est ça le hip-hop, c’est dans cet esprit qu’on a petit à petit développé ce concept de performance : c’est illogique que tu sois en haut de l’affiche, si n’importe quel gamin de quinze ans et demi arrive à être aussi fort que toi, que ce soit musicalement ou lyricalement.

Pour terminer, quelques mots sur votre concert de samedi ?
Ça nous fait plaisir de retourner sur scène parce que ça fait un petit moment qu’on les avait pas foulée! Là, on arrive avec toute l’équipe, les Cautionneurs, DJ Fab, DJ Duke aussi, avec lequel on part sur des projets de mixes qui vont du hip-hop le plus puriste aux trucs les plus barrés et modernes sans aucun calcul, et on va essayer d’amener toute cette fraîcheur à la Bobine, en attendant la sortie du prochain album qui va vraiment envoyer du lourd.

La Caution, samedi 21 septembre à 20h30 à la Bobine, dans le cadre du festival Jour & Nuit

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