Le destin de Lisa

Mineral + Lisa Papineau

Le Ciel

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Artiste singulière et touche à tout, Lisa Papineau transcende une douleur quotidienne au service d'une musique de plus en plus dépouillée et habitée par des démons difficiles à mettre au pas, autrement qu'en allant à l'essentiel. Stéphane Duchêne

Au vu de la longévité de sa carrière et de son éternelle jeunesse, on serait bien incapables de donner un âge à Lisa Papineau. Elle doit pourtant indirectement en ressentir le poids un peu plus chaque jour : atteinte d'une sclérose en plaques – pas exactement le genre de maladie, s'il en était une, compatible avec l'exercice et les exigences du métier de musicien –, Lisa Papineau redouble chaque jour d'effort pour faire violence à un corps supplicié qui ne semble rien laisser paraître de la douleur. Même quand en 2012, on lui diagnostique... un cancer.

 

Rien d'étonnant pour une jeune femme qui n'a jamais tenu en place. Née dans le Vermont, petit état charmant mais pas très funky de la Nouvelle-Angleterre, passée par Paris et Los Angeles, Papineau s'est enivrée de collaborations multiples : en France avec Air, M83 et même Mathieu Boogaerts. Aux États-Unis avec Mark Eitzel, le compositeur de BO Tyler Bates (300, The Watchmen) ou le guitariste Omar Rodríguez López (les groupes At The Drive-in et Mars Volta). Ailleurs avec le japonais Jun Miyake.

 

Autant de va-et-vient qui rendent compliquée l'injonction d'un corps à ne pas bouger. C'est d'ailleurs cette contrainte qui a présidé à l'enregistrement de Blood Noise, son troisième album solo, né de premières prises, brutes d'émotions et de douleurs – certaines enregistrées depuis son lit. Sa voix, riche d'une infinité de nuances, s'y trouble autant qu'elle explose intérieurement.

 

Tripes
 

Depuis Night Moves, en 2004, quelque chose semble s'être cristallisé dans la musique de la belle Lisa, une sorte d'intranquillité est montée doucement au front. Le trip-hop en général n'est après tout rien d'autre qu'un balancement permanent entre berceuse antalgique (ce qui était plutôt le cas de Red Trees, son précédent disque) et creuset de douleurs parfois exorcisées avec une véhémence pas toujours rentrée.

 

De cet élan, Blood Noise est sans doute le témoignage avant-pop le plus radical. Son titre n'est d'ailleurs pas anodin, qui pourrait également faire référence à la condition de son vieux complice au sein du duo Big Sir, le bassiste Juan Alderete (de The Mars Volta) atteint lui d'une maladie du sang qui ne suffit pas non plus à stopper ses élans et à fermer l'auberge espagnole qu'a toujours été Big Sir.

 

Son titre donc, sa pochette et la manière dont les arrangements sont réduits à leur plus simple expression, témoignent de cette économie de geste forcée mais sublimée. Cette injonction d'aller à l'essentiel et d'y aller aux tripes et dans un élan presque tribal. Soit ce qu'il reste quand plus rien d'autre n'importe et que le temps est si pressant qu'il semble n'avoir plus court.

 

 

Lisa Papineau + Mineral, mercredi 20 novembre à 20h30, au Ciel 

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