Fishbach, sublime étoile noire

Fishbach



ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Concert / Révélation fracassante de la scène française, portée aux nues par la critique, l'Ardennaise Fishbach, qui sera vendredi 17 novembre sur la scène de la Source, recompose avec une pompe par définition too much une variété new wave 80's qui met la mort en tubes. Séduisant, mais pour combien de temps ?

La critique musicale, ce saucier géant : mettez-y quelques ingrédients du moment et elle vous monte une mayonnaise, un sabayon, une chantilly, faisant du premier ou du dernier venu, sur la foi d'un EP, d'un single, d'une attitude, d'une nostalgie parfois, la "next big thing". Cela tient du saut de la foi, pas toujours récompensé, parfois rendu au centuple, mais à la volatilité inévitable, à la longévité incertaine.

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Depuis une grosse année, on s'entiche donc de Fishbach, grande tige poussée dans la grisaille de Charleville-Mézières, patrie de Rimbaud. Une jeune fille aux yeux pers et au port hautain, plume altière et chaînon musical manquant, s'il en fallait un, entre Kas Product et Niagara, Christophe et Catherine Ringer.

Le parcours est labellisé sans faute : duo punk DIY bouffant le bitume des Ardennes, bourgeonnement d'un projet solo diplômé des Inouïs à Bourges et des Transmusicales 2016. Et cet EP de 2015 comme oracle d'un couronnement survenu en janvier dernier, lors de la sortie d'un premier album attendu tous crocs dehors, se livrant au titre d'À ta merci mais imposant ses conditions : reverb' à la Notre-Dame-de-Macumba, rythmiques Stars 80, climat synthétique.

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La jeune fille et la mort

Ça frotte, ça irrite, c'est malaisant : la pose scénique (Ringer imiterait Ian Curtis imitant Desireless), l'affectation d'une voix théâtrale surjouée post-punk... Mais la pompe semble cacher, entre attaques suraiguës et plongeon dans les ténèbres, une brisure en fond de gorge, un craquement, oui, mais d'allumette, qui s'embrase (Feu), nous attirant dans un univers noir où Eros ploie sous Thanatos.

Pas une chanson ou presque qui n'évoque la mort sous toutes les coutures : suicide (Le château), personnification (On me dit tu), évitement (Éternité), mode guerrier (Un autre que moi, un temps baptisée Attentat), séduction (Mortel). Contexte post-Charlie/post-Bataclan oblige ? Invisible désintégration de l'univers ? Plutôt un rapport décomplexé entre la jeune fille et la faucheuse, quotidien d'une famille de croque-morts, la sienne.

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Et, en filigrane, la conscience du caractère éphémère de la destinée d'un jeune papillon musical trop vite poussé vers une lumière brûlante ? Sans doute un peu quand elle chante, comme une adresse à la postérité, la longévité foutue d'avance : « Eh, tu parlais d'éternité, on n'a même pas fait la moitié. » Le détachement comme remède à la hype et à l'idée qu'on en mourra, voilà le Salut.

Fishbach
À la Source (Fontaine) vendredi 17 novembre à 21h

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