Forever Youn (Sun Nah)

Petite fiancée des festivals de jazz qui s'arrachent son fascinant timbre de falsetto, Youn Sun Nah s'est pourtant construit avec les années un répertoire qui dépasse de loin le simple jazz (bien que le terme "simple" n'ait ici rien de réducteur). Car au fil des albums, la vocaliste coréenne a suffisamment exploré le paysage des chansons de la pop mondialisée, se faisant une spécialité d'adapter à sa mesure tous types de standards du genre, de Metallica à Joni Mitchell, de Paul Simon à Blondie, qu'on peut définitivement la ranger dans la catégorie des chanteuses pop.

Mais une chanteuse qui, faisant rimer soul avec Séoul, resterait cramponnée avec bonheur à son sens unique du swing : il faut avoir entendu une fois sa reprise du Ghost Riders in the Sky de Stan Jones, classique country repris en son temps par Johnny Cash, transformé en une transe aux frontières de la douleur et de l'orgasme, de l'horreur et de l'exaltation, de la fureur et du jeu. Ce sont cette maîtrise vocale et des approches sans cesse renouvelées (il n'y a pas de place ici pour la routine) qui font de Youn Sun Nah, à retrouver mercredi 21 mars à la Belle électrique, une artiste incomparable à mille lieues des atrocités jazzy que l'on nous sert sous couvert de covers pas comme les autres.