Sylvie Hoarau (Brigitte) : « On aime donner du spectacle »

Brigitte

La Belle Électrique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Concert / Une date complète ce jeudi 17 mai à la Belle électrique, une autre prévue le mercredi 5 décembre au (beaucoup plus grand) Summum : depuis leurs débuts en 2010, Aurélie Saada et Sylvie Hoarau, connues sous le nom de Brigitte, enchaînent les succès grâce à leurs savoureuses chansons pour la plupart sucrées et entêtantes. Rencontre avec Sylvie Hoarau, moitié du concept-duo, avec qui on a causé variété, indépendance ou encore politique.

Est-ce que votre rapport l'une à l'autre et votre façon de travailler ont évolué au fil des trois albums et du succès grandissant ?

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Sylvie Hoarau : Les trois albums sont vraiment nés de manières différentes. Le premier, Et vous, tu m'aimes ? (2011), on ne se connaissait pas bien, c’était un album de rencontre ; on s’est beaucoup confié l’une à l’autre, on a parlé de nos envies, de nos vécus, de nos frustrations, de nos joies… À l’époque, on ne savait même pas qu’on allait faire un album !

Le deuxième, À bouche que veux-tu (2014), on était dans l’euphorie assez incroyable du succès : l’album était beaucoup dans le plaisir, le désir, la sensualité, les rythmes… Et ce troisième album, Nues (2017), ça a encore été autre chose : Aurélie vivant aux États-Unis, nous avons été séparées pendant un an, même si je suis souvent allée la voir là-bas – j’ai dû y passer plus de trois mois en cumulé. Elle a donc écrit des chansons seule de son côté.

Pour résumer tout ça, on peut dire que notre premier disque, c’était des filles qui avaient envie de s’en sortir avec les hauts et les bas de la vie. Le deuxième, c’était plutôt des filles qui voulaient profiter de la vie. Et ce troisième est beaucoup plus personnel, avec des chansons comme Mon intime étranger, Carnivore, Le Goût du sel de tes larmes… Je dirais qu’il est presque plus brut par rapport au précédent qui était très paillettes, habillé et ludique ; plus dépouillé. C’est la mise à nu que l’on retrouve dans son titre.

Depuis vos débuts, vous semblez toujours vouloir nous raconter des histoires avec des chansons narratives, dans le plus pur style de la variété française…

Tout à fait. Moi, j’adore les chansons qui racontent des histoires, comme le faisait Brassens par exemple : c’est l’essence même de la chanson. C’est d’ailleurs la difficulté : raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin en très peu de mots.

Des histoires, avec Brigitte, essentiellement centrées sur l’amour et les relations homme-femme…

Ce serait très réducteur de formuler ça de la sorte. Alors oui, les relations humaines nous intéressent, celles entre les hommes et les femmes nous intéressent, mais nous évoquons d’autres thèmes. Par exemple dans notre chanson Je veux un enfant où tout est dit dans le titre ; Mon intime étranger qui parle du père, de son absence ; ou encore Palladium qui évoque l’amitié de deux femmes… Dans tous nos albums on a des chansons qui ne se réduisent pas à l’amour ! Même si bien sûr, ça peut toujours être de l’amour…

Certes. Mais, pour le formuler différemment, vous restez dans une chanson très légère, pas forcément politique…

Mais vous ne connaissez pas nos albums [si, et très bien même ! – NDLR] ! Par exemple, notre chanson peace and love Embrassez-vous parle clairement de paix, de bienveillance, de tolérance entre les gens et les peuples : elle est politique ! On a aussi Plurielle, qui est un véritable hymne féministe qui parle clairement de la liberté de choix des femmes.

Je pense que tout est politique en fait – sujet de dissertation, vous avez quatre heures ! Écrire sur la relation avec son père pour traiter du sujet plus large des pères absents, c’est aussi de la politique. Faudrait que je reprenne tous nos titres pour vous le prouver en fait !

Les concerts ayant suivi vos deux premiers albums étaient de véritables spectacles avec des costumes, des décors, une mise en scène très travaillée… Ce sera une nouvelle fois le cas ?

Oui, car on aime donner du spectacle, on aime bien planter un décor grandiose et très marquant sur scène. On n’a qu’une vie, c’est bien de laisser libre cours à cette folie ! Surtout que pour tout ce qui est visuel, Aurélie est très présente. C’est elle qui fait la direction artistique de la pochette des albums, qui fait nos clips… Et pour la scène, même si on travaille avec une scénographe, c’est elle qui, par exemple, pour la tournée de Nues, a eu l’idée de mettre toutes ces fleurs sur scène.

À l’image du travail sur le visuel, depuis les débuts de Brigitte, vous faites tout à deux, en revendiquant clairement cette indépendance artistique…

Au départ, on n’imaginait pas pouvoir faire des choses seules. On avait toujours travaillé avec d’autres chacune de notre côté – on faisait déjà de la musique avant Brigitte – et on avait donc inconsciemment l’idée qu’il fallait forcément travailler avec des professionnels, et notamment des garçons comme il y a beaucoup de garçons dans le milieu de la musique, dans les maisons de disques…

Et puis, au moment de lancer Brigitte, comme personne n’a répondu à notre appel, il a bien fallu que l’on se débrouille seules. Ce qui a fait qu’en 2010, nous avons réalisé et produit seules notre premier EP avec Battez-vous, La Vengeance d’une louve et Ma Benz. Et ensuite, on a même monté notre propre label B Records : aujourd’hui, nous sommes productrices de nos disques et ça nous va très bien. Finalement, tous ces gens nous ont rendu service en ne voulant pas travailler avec nous !

Le travail sur vos deux voix mêlées est la marque de fabrique Brigitte. C’est une évidence quand vous composez une chanson ?

Aujourd’hui, c’est une question qu’on ne se pose plus, mais on se l’est posée à nos débuts quand on nous disait que ce n’était pas possible qu’il y ait deux chanteuses leaders. Du coup, on avait un peu réparti nos voix sur certaines chansons du premier album comme Cœur de chewing-gum où on se partage les couplets et chantent ensemble les refrains, ou Je veux un enfant où Aurélie est quasiment seule et moi je fais une petite voix derrière. Maintenant, avec les années, on ne se la pose plus la question : on chante ensemble, c’est comme ça qu’on aime faire !

Brigitte
À la Belle électrique jeudi 17 mai à 20h
Au Summum mercredi 5 décembre à 20h

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