André Wilms : « Lautréamont chie sur le monde contemporain »

Théâtre / Avec "Dieu comme patient", Matthias Langhoff porte sur scène les mots emplis de révolte du conte de Lautréamont, jeune poète du milieu du XIXe siècle qui livra "Les Chants de Maldoror". Rencontre avec le comédien André Wilms pour en savoir plus sur cette pièce quitte ou double.

Le projet est né de votre rencontre avec le metteur en scène Matthias Langhoff…

André Wilms : Au début, on voulait travailler sur Kafka, mais on a vite renoncé car Les Chants de Maldoror de Lautréamont nous paraissaient plus adaptés au moment, plus inadmissibles ; ils chient véritablement sur le monde contemporain. En plus, c’est un texte très athée, et comme en ce moment Dieu revient en force, qu’on essaie de nous le placer de tous les côtés, on a jugé utile de s’atteler à Lautréamont, un Rimbaud en plus lyrique. Il y a une belle phrase dans le texte : « Ma poésie ne consistera qu'à attaquer, par tous les moyens, l'homme, cette bête fauve, et le Créateur, qui n'aurait pas dû engendrer une pareille vermine. » D’où le titre qui dit, tout simplement, qu’il faut soigner Dieu.

Le texte de Lautréamont est très long. Comment Langhoff l’a-t-il abordé ?

C’est sûr, tu ne peux pas le monter en entier, il y a 6 chants ; il faut garder un petit peu de tendresse envers le public, qui est déjà submergé pendant 1h45. Matthias a donc fait un montage, il a retenu tout le passage sur le requin, sur l’océan… Pour la mise en scène, il a mis un tulle, sur lequel sont diffusées des projections. On est trois sur scène, deux femmes et un homme, parce que c’est toujours comme ça que ça se passe ! Une des femmes est un ange, même si elle va se révéler pas si angélique que ça…

Vous venez de montrer la pièce pour la première fois à Caen. Comment a-t-elle été reçue ?

Assez mal par le public en vérité, et assez bien par les jeunes gens de 16-17 ans qui crachent sur le monde. C’est un spectacle qui résonne assez fort chez les ados, ça m’a surpris. Comme quoi, il y a encore quelques jeunes désespérés joyeux de nos jours, et c’est plutôt bien ! Ça devrait être un spectacle de révolte, mais c’est toujours difficile car le théâtre n’est pas là pour se révolter à la place des gens, il peut juste crier dans le désert. Mais attention, on n’est pas dans le registre de la plainte, mais plus dans celui du défensif, ce qui donne un chant de révolte joyeux. Certes, il n’y a pas beaucoup d’espoir mais au moins, on mourra avec le sourire !

DIEU COMME PATIENT
Du 4 au 8 novembre, à la MC2

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