«Un monde où règne la terreur et la mort»

Erwin Jans, dramaturge auprès de Guy Cassiers, nous parle du travail effectué autour du triptyque. Propos recueillis par AM

Petit Bulletin : Comment avez-vous construit ce triptyque en tant que dramaturge ?
Erwin Jans : En France, le dramaturge est celui qui écrit le texte ; mais en Belgique, on utilise le mot dramaturge dans le sens allemand : celui qui aide le metteur en scène. Avec Guy Cassiers, on a donc énormément lu, on avait beaucoup de matériau. Guy Cassiers préfère partir de ce qu’il peut encore retravailler pour Mefisto for ever un roman, pour Wolfskers trois scénarios, et pour Atropa, la vengeance de la paix une compilation de fragments de tragédies grecques –, afin d’avoir plus de liberté. A la fin, on a fait appel à un écrivain [Tom Lanoye, NDLR] pour faire de toutes ces recherches un texte pour le spectacle.

Comment sont agencés les trois volets ?
On a défini la première partie comme la séduction du pouvoir, la deuxième c’est l’empoisonnement par le pouvoir, et pour finir la vengeance contre le pouvoir. Car dans Atropa, la vengeance de la paix, les victimes commencent à répondre, les femmes demandent des comptes au Général sur ce qu’il a fait.

On peut entrevoir, dans cette dernière partie, une lueur d’espoir absente des deux autres volets…
C’est lié à la fin écrite par Tom Lanoye. La pièce est basée sur l’histoire d’Agamemnon et de Clytemnestre, Agamemnon ayant sacrifié leur fille Iphigénie pour la guerre de Troie. Dans l’histoire grecque, revenant à la fin, il est tué par sa femme en guise de vengeance. Mais dans la version que nous présentons, elle le laisse en vie en espérant qu’il comprenne l’atrocité de son geste. Clytemnestre s’en va alors parcourir le monde… C’est certes une ouverture vers un ailleurs peut-être meilleur, mais simplement à la dernière minute du spectacle ! Pour le reste, c’est un monde où règnent la terreur et la mort.

LECTURE / RENCONTRE AVEC ERWIN JANS
Mercredi 12 novembre de 12h à 14h, à l’Amphidice (Campus), entrée libre