La liberté guidant Darina

Dans un Liban en guerre, une jeune femme ne souhaite qu’une chose : être libre. Un spectacle coup de poing à mettre devant tous les yeux. Aurélien Martinez

Le soir des funérailles de son père, conformément à la volonté de ce dernier, une jeune femme interrompt les traditionnelles psalmodies du Coran pour les remplacer par la voix de Nina Simone. Geste volontairement fort, et point de départ du récit de Noun, une ado éprise de liberté dans une société par forcément prête pour cela. Cette société, c’est celle d’un Liban en guerre, de la violence quotidienne. Le père de Noun, intellectuel laïque sans cesse emprisonné, lui a inculqué le devoir de ne jamais se soumettre aux lois iniques et de toujours chercher à s’élever. Elle raconte ainsi sa jeunesse rebelle forcément dans l’excès ; car pourquoi vivre normalement dans un pays en guerre alors que chaque heure pourrait bien être la dernière ? C’est un véritable cri du cœur empli de rage que pousse le personnage. Mais uncri empli de désespoir et de résignation. Car une fois son père disparu, qui sera là pour l’aider dans cette quête quasi-suicidaire de liberté ?A la première personne du singulier
«J’ai dû prendre beaucoup de distance pour pouvoir interpréter ce rôle, et ne pas le jouer comme si c’était ma vie, mais comme si c’était l’histoire du personnage, comme si c’était une pièce de théâtre». Darina Al Joundi, qui présente cette semaine dans l’agglo son spectacle Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter nous expliquait en septembre dernier la difficulté de parler de soi et de son histoire tragique (l’interview est toujours disponible sur notre site). Sans tomber dans un pathos lacrymal, elle réussit parfaitement à capter la réalité de son adolescence (la guerre) et nous la retranscrire sur scène, brute. Seule, avec sa robe rouge sang et son témoignage, elle captive le public. Tour à tour drôle, ironique ou poignant, son récit est toujours en tension. Bien sûr, il a été théâtralisé (un metteur en scène est venu épauler la comédienne), certaines scènes sont fantasmées (notamment la première), mais c’est bien Darina Al Joundi qui se cache derrière le personnage de Noun. Et plus largement toutes les femmes bafouées, d’ici et d’ailleurs. Le jour où Nina Simone…, spectacle personnel et intime, prend alors une tournure universelle qui lui donne une force supplémentaire, une seconde clé de lecture. Créé lors du festival off d’Avignon 2007, il a connu un succès immédiat. La représentation en octobre dernier à la Faïencerieaffichait ainsi complet. On comprend aisément pourquoi.LE JOUR OU NINA SIMONE A CESSE DE CHANTER
Mardi 10 à 20h au Grand Angle, jeudi 12 à 19h30 à l’Espace 600
vendredi 13 mars à 20h30 à l’Odyssée d’Eybens

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