«Le changement est plutôt sain»

La chorégraphe Maguy Marin, directrice du Centre chorégraphique national (CCN) de Rillieux-la-Pape, quittera ses fonctions à l’été 2011. L’occasion de l’interroger sur ses motivations avant son passage en novembre prochain à la MC2, avec ses deux dernières créations. Propos recueillis par Dorotée Aznar

Petit Bulletin : Pourquoi quittez-vous la direction du CCN ?
Maguy Marin : Je suis à Rillieux [une ville à la périphérie de Lyon – NDLR] depuis douze ans. Avant, je dirigeais le CCN de Créteil... Aujourd’hui, j’ai envie de créer en dehors de mes fonctions de directeur d’un CCN. Ensuite, je pense que le CCN de Rillieux existera réellement en tant que structure quand il ne sera plus attaché à un seul nom. Et, si j’ai eu beaucoup de plaisir à être à Rillieux, cela m’a demandé également une présence très suivie. J’ai envie de retrouver un autre temps de travail.

On a pu lire que vous souhaitez « reprendre votre liberté », est-ce bien de cela dont il s’agit ?
La liberté, c’est un bien grand mot. S’engager à la tête d’une structure comme le CCN, c’est un peu comme avoir un enfant : quand on l’a, on ne peut plus sortir tous les soirs. Cela demande beaucoup d’attention, beaucoup de présence. Ce n’est pas que je n’ai pas été libre pendant douze ans, mais je n’avais pas la possibilité de partir en résidence dans une autre ville, de m’absenter trop longtemps. Je reprends ma mobilité plus que ma liberté. Je vais limiter mon activité à une activité artistique. Je ressens le besoin de repartir dans une nouvelle aventure de compagnie indépendante. Une aventure que j’ai déjà connue, il y a longtemps. Je pars sans regret.

Où allez-vous installer votre compagnie ?
J’espère à Lyon. Je voudrais un lieu de travail qui me permette de continuer à diffuser mes créations.

Le changement régulier à la tête des institutions culturelles est-il nécessaire selon vous ?
Tout dépend de ce qui se fait dans cette structure. Mais il est vrai que je ne vois pas d’obligation à ce qu’une personne nommée à la tête d’une institution culturelle y reste vingt ans. Je pense que le changement est plutôt sain, mais il faut tout de même être prudent car il faut du temps pour s’inscrire dans un territoire. L’idéal est de prendre le temps de s’implanter et au moment venu, de savoir accueillir des nouvelles forces.

Vous étiez artiste et directrice d’une structure. Pensez-vous que les structures culturelles doivent être dirigées par des artistes ?
Pour moi, cela ne fait aucun doute : il faut des artistes à la tête d’une institution culturelle. Ces artistes doivent être accompagnés par de bons administrateurs, mais les artistes doivent être maîtres de la politique qu’ils mènent. Je suis également pour la collégialité, la direction artistique multiple comme elle se pratique en Hollande par exemple…. Mais je pense qu’un artiste qui prendrait à bras le corps un CCN pour y laisser une griffe, une marque, cela peut être positif.

DESCRIPTION D’UN COMBAT
Mercredi 3 novembre, à la MC2

SALVES
Vendredi 5 et samedi 6 novembre, à la MC2

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