Jeudi 19 octobre 2023 La standing ovation finale récompensait-elle le spectacle ou la carrière sportive incroyable de Martin Fourcade ? Difficile à dire tant Hors-piste, dont (...)
Programmateurs/trices de danse, excitez-nous !
Par Aurélien Martinez
Publié Lundi 10 janvier 2011 - 5581 lectures
La danse est un champ artistique riche, varié, protéiforme, enthousiasmant, innovant… Les salles grenobloises arrivent-elles à transmettre au public ces différents élans créatifs ? Tentative de réponse en compagnie de quelques pontes locaux.
Plus d’une vingtaine de plateaux dans l’agglo : le bassin grenoblois est d’une extrême richesse niveau spectacle vivant. Surtout en théâtre. De ce point de vue, le maillage de salles n’a pas à rougir des comparaisons (notamment avec ses voisins, comme Lyon), bien au contraire. Ensemble, en tenant compte de leurs spécificités et de leurs moyens, les lieux de diffusion offrent un très large éventail de la création théâtrale contemporaine.
Mais niveau danse, l’euphorie est moindre. Grosso modo, seulement deux salles (la MC2 et la Rampe) offrent une réelle programmation pour les amateurs de ce genre artistique, les propositions des autres étant plus sporadiques. Suffisant ? Pas forcément… Surtout qu’il n’est pas sûr qu’à elles seules, la Rampe et la MC2 arrivent à satisfaire l’appétit du public grenoblois (réputé extrêmement curieux et demandeur).
« Bien sûr, mon grand souhait serait que l’on puisse faire plus. Mais on a déjà une belle visibilité, parce que l’on peut jouer entre ces trois plateaux [le grand théâtre, le petit et la salle de création – NDLR], et c’est extrêmement rare en France » nous explique Sylvaine Van den Esch, conseillère artistique danse à la MC2 depuis deux ans. Sa programmation se construit ainsi autour de trois axes : de grands noms européens (Keersmaeker, Platel, Galvan… – même si « avec cette saison et la prochaine, on va aussi voir une ouverture au grand international »), des propositions françaises grand public (Preljocaj, Montalvo Hervieu, …), et d’autres plus contemporaines (Rizzo, Buffard…).
Grand écart périlleux ou souci d’exhaustivité ? « Je ne concevrais pas qu’une maison comme la MC2 ne puisse pas montrer une pièce comme Orphée – Montalvo Hervieu, grand plateau, beaucoup de monde sur scène, tout un travail de l’image sophistiqué… Pourtant, à côté, on a aussi des œuvres exigeantes d’un plus petit format, qui ne s’adressent pas à l’aspect divertissement du spectateur. Quand on est spectateur, on l’est pour plusieurs raisons, et il y a aussi une carte qui est celle d’une dimension plus réflexive, sur le monde, les esthétiques contemporaines… »
Concernant ce dernier axe, qui offre une couleur particulière à la programmation de la MC2, plus cérébrale, on reste néanmoins sur notre faim, les chorégraphes programmés semblant aller dans la même direction (même si Les Soirées, mini festival qui a lieu chaque fin de saison à la MC2, permet de découvrir d’autres styles).
« Rester éclectique »
Du côté de la Rampe, la question de la ligne directrice est encore plus pertinente, la salle étant labellisée « scène conventionnée danse et musique ». Jacky Rocher, son directeur depuis maintenant deux ans et demi, a fait du croisement des formes son axe de recherche, avec notamment des spectacles associant danse et musique. Mais il défend tout de même l’idée d’une scène généraliste, en programmant aussi du théâtre, du cirque... « Il est important que l’on reste éclectique. Sinon, on serait vraiment un outil ultra-spécialisé qui ne répondrait pas à l’ensemble des souhaits du public. J’ai très envie que l’on puisse présenter cette salle comme une salle de diversité. »
Niveau propositions, elles sont variées (avec notamment l’utilisation des deux plateaux : La Rampe et la Ponatière), très riches, voguant entre grands noms, chorégraphes régionaux, projets pluridisciplinaires… Une programmation qui semble moins tranchée que celle de la MC2. Mais malgré ces différences d’approche, on devine tout de même chez ces deux programmateurs une réelle envie d’offrir une danse de qualité aux Grenoblois, ce qui est plus qu’appréciable. Pourtant – soyons fous ! –, on aimerait plus dans l’agglo, et notamment découvrir d’autres esthétiques, d’autres univers, d’autres artistes…
Ouvrir les portes et les fenêtres
Surtout qu’au niveau strictement local, les compagnies en présence ne semblent pas réellement insuffler d’air frais. Jean-Claude Gallotta, qui marqua formidablement son époque, est à la tête du Centre chorégraphique national de Grenoble (basé à la MC2) depuis maintenant trente ans. Dans son sillage, nombre de chorégraphes ont éclos dans l’agglo. Mais aujourd’hui, quasiment plus rien de nouveau sous le ciel grenoblois. Que se passe-t-il ?
Christiane Blaise, ancienne chorégraphe maintenant directrice du Pacifique (un Centre de développement chorégraphique inédit à Grenoble qui, depuis 2004, soutient les compagnies locales et autres – prêt de lieux de répétition, aides à la création, à la diffusion…), esquisse une tentative de réponse : « Je trouve qu’aujourd’hui, la période politique ne favorise pas les élans, ne libère pas, n’ouvre pas, mais plutôt coupe le souffle. Du coup, ce qui est en place reste, mais il n’y a pas d’entrants. Et ça, pour moi, c’est dramatique, car notre attention est justement sur les potentiels. À Grenoble, dans le département, la région, c’est très difficile de trouver ceux qui vont faire la suite, parce que l’on ne leur donne pas les moyens d’arriver dans l’aventure. C’est très problématique, car très vite, ça va s’étouffer tout seul. D’autant plus que ça fait un certain nombre d’années que c’est stagnant… »
Néanmoins, que les acteurs en présence se rassurent, il s’agit ici plus d’un appel que d’une volonté de jeter le bébé avec l’eau du bain. « C’est bien de continuer de soutenir ce qui est en place – je ne dis pas qu’il faut jeter les gens ! – mais le problème, c’est aussi d’ouvrir pour faire renter de nouvelles personnes. Si on reste entre soi, il va y avoir une génération sacrifiée. »
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Lundi 18 septembre 2023 On attend avec impatience la création d'Olivier Martin-Salvan, Péplum médiéval, présenté comme une déclaration d'amour au Moyen Âge.
Mercredi 28 juin 2023 Il y a 3 ans, Martin Fourcade a raccroché les skis ; et le voici désormais, comme il le dit lui-même, « sur d’autres planches ». Celles du théâtre, et plus (...)
Vendredi 9 juin 2023 Avant la présentation de saison au public prévue jeudi 15 juin à 19h30 et l’ouverture de billetterie du samedi 17 juin à 13h, on détaille une partie de ce que l’on pourra voir entre septembre 2023 et mai 2024 sur les différentes scènes de la MC2. Et...
Lundi 19 juin 2023 Qui dit Saint-Étienne et début d’été dit… Festival des 7 Collines, cirque, musique, danse, rires, passion, émerveillement, waou et ça alors. Tour d’horizon d’une 29e édition, comme toujours au poil.
Lundi 24 avril 2023 Le secteur culturel grenoblois s’empare, depuis peu mais à bras-le-corps, du sujet épineux de la transition écologique. Mobilité des publics, avion ou pas avion pour les tournées des artistes, viande ou pas viande au catering, bières locales ou pas...
Lundi 16 janvier 2023 Trois soirées électro à Grenoble pour faire bouger tes nuits : Ed Isar le 24 janvier à la Bobine, Umwelt le 27 janvier à l'Ampérage et une Semantica Records night le 28 janvier à la Belle Électrique.
Vendredi 3 juin 2022 Danses (ou)vertes : c’est par un jeu de mots évocateur que le chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta a choisi de nommer la drôle d’aventure qu’il (...)
Vendredi 22 avril 2022 Envie de faire la fête et danser ? On a pour vous deux recommandations le 29 avril, et une le 7 mai. C'est parti !
Lundi 28 mars 2022 Dans le cadre du Mois décolonial, le Pacifique accueillera jeudi 31 mars "Le tour du monde des danses urbaines en dix villes", une conférence dansée qui revient sur le contexte et les spécificités de danses comme le dancehall, le passinho, le kuduro...
Lundi 14 mars 2022 Vendredi 25 mars et samedi 26 mars, il y a de quoi s'enjailler à Grenoble !
Lundi 14 mars 2022 Réalisateur des très reconnus "Concerts à emporter" dans les années 2000 – où l’on pouvait notamment voir Arcade Fire jouer un morceau impromptu dans un ascenseur –, Vincent Moon se consacre depuis 2009 à "Petites Planètes", une série de films...
Lundi 14 mars 2022 La MC2 inaugure cette année le Mois du mouvement, qui se traduit par deux événements aux antipodes : Transe-en-danses et la Journée des danses urbaines. Deux salles, deux ambiances.
Mardi 1 mars 2022 À la tête du Ballet national de Marseille depuis deux ans, le collectif (La)Horde, créé en 2013, est l’une des aventures chorégraphiques récentes les plus (...)
Mardi 1 mars 2022 Il déboule en courant, parle à toute allure. Il y a urgence. L'excellent Thomas Rortais dit les heures qu'il reste à vivre pour ce type qui est entré dans une (...)
Lundi 14 février 2022 Il a nagé, épaule contre épaule, auprès d’un requin blanc femelle de 5, 5 mètres et 1, 5 tonne, ne répondant pas au doux nom de Lady Mystery. Ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau, docteur en océanographie, François Sarano sera à...
Mardi 1 mars 2022 C’est un petit ovni théâtral que l’on vous recommande si vous êtes un passionné de son. Avec Ce qu’il nous faut, Pierre Badaroux met en scène, grosso modo, la (...)
Lundi 31 janvier 2022 Après Möbius, l’ancien codirecteur du CCN2 Rachid Ouramdane propose avec Corps extrêmes un travail de recherche sur l’envol, et plus largement sur le dépassement de soi. Il entoure ses huit acrobates de deux sportifs jusqu’ici étrangers aux plateaux...
Lundi 31 janvier 2022 Dans le détail est un spectacle de danse contemporaine rythmé, nerveux, bondissant. Mais Dans le détail est également un jeu pour le public, qui doit mener (...)
Lundi 31 janvier 2022 Lignes tendues de nappes de guitare en continu, souffle lourd faisant onduler sur scène une cinquantaine de miroirs qui reflètent l'image du public, entrées (...)
Lundi 31 janvier 2022 Nouvelle agora et décor à couper le souffle : Emmanuel Meirieu adapte Les Naufragés de Patrick Declerck qui a écouté, soigné, pansé les clochards que la société efface. Spectacle hors normes.
Mardi 18 janvier 2022 Tam tam tam, tam tam tam ! Les pieds nus claquent sur le sol du studio de danse du Pacifique. Ce mercredi matin, neuf danseurs pro ou semi-pro de (...)
Mardi 18 janvier 2022 Les mouvements à la marge sont-ils voués à en sortir ? L’expérience penche vers l’affirmative et dans le lot, la danse hip-hop ne fait pas exception. Si (...)
Mardi 4 janvier 2022 L’illustre chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta livre avec Le jour se rêve un spectacle de puriste, un retour sans fard aux premières heures de sa (...)
Jeudi 16 décembre 2021 Mardi 21 décembre, une bonne raison d’emmener vos enfants, dès 7 ans, au théâtre : Philippe Beau, virtuose des ombres chinoises et autres illusions, se produit à La Rampe.
Lundi 29 novembre 2021 Dans ses précédentes créations Samedi détente (2014) et Unwanted (2017), Dorothée Munyaneza renouait avec le (...)
Lundi 29 novembre 2021 L'idée, lancée dans les années 2000, est originale : demander à différents chorégraphes d'imaginer une (...)
Lundi 29 novembre 2021 Pantins désarticulés, bouches béantes, gestes saccadés, rires grotesques, bousculades... Le nouveau spectacle du Collectif (...)
Lundi 22 novembre 2021 A l’issue de deux soirées de représentation ce week-end à La Rampe, les quatre lauréats du concours de danse Podium ont été désignés par le public et le jury.
Lundi 22 novembre 2021 La nouvelle création de la compagnie Les Veilleurs, mise en scène par la Grenobloise Emilie Le Roux, aborde le sujet de la vie et la mort. Pensée aussi bien pour les enfants que pour leurs parents, La Morsure de l’Âne, issue d’un texte de Nathalie...