Pierre Guillois : « "Bigre" est une pièce dramatique et comique à la fois »

Bigre

Théâtre municipal de Grenoble

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / "Bigre", à découvrir au Théâtre municipal de Grenoble, c’est une hilarante comédie sans paroles sur l’ultra moderne solitude portée par un trio de comédiens qui, chacun cloîtré dans sa minuscule chambre de bonne (la scénographie est remarquable), cherche quelques grammes de bonheur dans une marée de petites misères. Rencontre avec son concepteur Pierre Guillois, et critique de ce véritable succès, lauréat l’an passé du Molière de la meilleure comédie.

Le point de départ du spectacle est-il la solitude humaine ?

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Pierre Guillois : Je ne dirais pas ça. Je ne conçois pas mes spectacles avec des idées générales ou des volontés de discours. Après, il se trouve que j’ai passé près de dix ans de ma vie dans une chambre de bonne. Pourtant, quand j’ai conçu ce spectacle en me disant qu’il y aurait trois personnages chacun dans une chambre de bonne, j’avais presque oublié ce passage de ma vie – c’était donc assez inconscient !

Ensuite, au cours du travail d’improvisation avec les acteurs – car on a fait une véritable écriture au plateau –, c’est évidemment ça que, petit à petit, nous nous sommes raconté…

Comment avez-vous travaillé au plateau ?

Avec Olivier Martin-Salvan et Agathe L'Huillier, deux personnes que je connaissais bien et avec qui j’avais envie de travailler parce que je savais que ce spectacle marcherait vraiment avec leur fantaisie, on est partis simplement de l’idée : deux hommes une femme sous les toits. Pour voir ensuite ce qui allait se passer.

Au début, ce n’était pas glorieux : les quinze premiers jours, je n’étais pas du tout fier de ce qu’on avait fait. Puis, petit à petit, on a tiré des fils et on a trouvé comment tout ça allait s’agencer. Ça a été une aventure longue dans le temps mais très joyeuse après ces premiers quinze jours !

Le spectacle est sans paroles…

C’était le principe de départ : avoir trois personnages qui ne parlent pas. Même si, attention, ils peuvent parler – ils ne sont pas muets. Sauf qu’on les prend toujours à des moments où ils ne parlent pas, soit parce qu’ils n’en ont pas besoin, soit parce qu’ils sont en incapacité de parler – par peur, timidité… On voulait vraiment faire une pièce dramatique et comique à la fois.

D’où le fait qu’aux Molières 2017, la pièce ait été classée dans la catégorie comédie – vous avez d’ailleurs remporté ce Molière de la meilleure comédie…

Oui. Je dis partout que c’est de la comédie parce que c’est un signe clair donné aux gens qu’ils vont pouvoir rire. Mais en même temps, on est plus proches de la farce. Mais peu importe ce que l’on dit : moi, je ne suis pas très théoricien, donc je parle plutôt d’une mécanique du rire mise en place…

Le rire, au théâtre, n’est pas si courant que ça. Il est même souvent tenu à distance par les grands "théâtreux", qui peuvent le juger beaucoup trop trivial…

Certes, mais le rire n’est pas une valeur en soi. Il y a un rire dégueulasse, de mépris, horrible... Il est donc normal de s’en méfier. Après, il est vrai que la comédie ne bénéficie pas toujours d’un statut élevé dans les institutions culturelles. On accorde souvent leurs lettres de noblesse aux comiques une fois qu’ils sont morts. Mais on s’en fout, ce n’est pas grave. Surtout qu’avec Bigre, on a la chance de beaucoup tourner…

Ce qui vous a d’ailleurs conduit à mettre en place une deuxième distribution…

Ça s’est fait petit à petit. Il y a d’abord l’un des comédiens qui n’a pas pu continuer, donc on l’a remplacé. Puis ainsi de suite. Moi, par exemple, j’ai joué le spectacle 250 fois ! Du coup, au bout d’un moment, je ne pouvais plus en monter d’autres parce que celui-ci est extrêmement physique, prend beaucoup d’énergie, nous emmène tout le temps sur les routes. C’était une nécessité de métier que de renouveler l’équipe.

On a pris le temps – ça a été très long – pour trouver les bons acteurs comme on avait chacun écrit notre rôle, qui était donc attaché à notre personne. Personnellement, j’ai trouvé un acteur qui est quasiment un frère jumeau ; c’est hallucinant ! Et ces acteurs ont maintenant joué presque autant que nous, sachant qu’il n’y a pas deux distributions mais de multiples : on joue les uns avec les autres en fonction des plannings et ça marche très bien.

Quels comédiens seront présents à Grenoble ?

Entièrement la nouvelle équipe: Bruno Fleury, Eléonore Auzou-Connes et Jonathan Pinto-Rocha.

Bigre
Au Théâtre municipal de Grenoble jeudi 1er et vendredi 2 mars à 20h30

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