"Françoise par Sagan" : et Caroline Loeb devint Françoise Sagan

Il y a des personnes qui adorent apprendre par cœur des phrases choc d’auteurs – ou, à défaut, si elles n’ont pas trop de mémoire, adorent coller des phrases choc d’auteurs sur les murs de leurs toilettes. Attention : si ces personnes se rendent au Théâtre municipal de Grenoble découvrir Françoise par Sagan, elles risquent fort d’avoir un intense orgasme intellectuel et de vouloir tout retenir tant la verve de la romancière française culte (notamment grâce à son fameux Bonjour tristesse) est emplie de punchlines bien trouvées. Surtout que le spectacle porte au plateau des interviews de Sagan s’étalant sur presque quarante ans dans lesquelles elle s’adonnait avec plaisir à la recherche du mot qui ferait mouche tout en se livrant avec autant de vérité que de jeu – « un drame amusant, c’est ça la vie, non ? »

Caroline Loeb, que l’on a connue il y a trente ans avec le tube C'est la ouate, incarne la romancière dans un souci du mimétisme impressionnant. Mise en scène par Alex Lutz, elle est Sagan (comme elle a été George Sand précédemment) jusque dans le costume, la posture, la voix… Une Sagan tour à tour détachée (quand, par exemple, elle raconte qu’elle envoyait de l’argent à celles et ceux qui lui écrivaient, comme si c’était normal), caustique (ses remarques sur le théâtre qu’on inflige au peuple sont savoureuses), émouvante (sur son rapport à la littérature ou à sa vie intime)… En résulte un monologue passionnant dans le fond qui s’approche au plus près d’une des auteures phares du siècle dernier. Logique donc que ce seule-en-scène soit présenté en partenariat avec le Printemps du livre de Grenoble.

Françoise par Sagan
Au Théâtre municipal de Grenoble jeudi 22 mars à 20h30