Bouba Landrille Tchouda : « Je ne me vois pas sur scène pour simplement amuser la galerie »

J'ai pas toujours dansé comme ça

TMG - Théâtre de Poche

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Danse / Avec "J'ai pas toujours dansé comme ça", le danseur et chorégraphe Bouba Landrille Tchouda évoque son éclosion artistique à Grenoble, à la Villeneuve, avant qu’il ne fonde la compagnie Malka en 2001 – avec le succès qu'on lui connaît depuis. Un solo sur sa jeunesse entre danse et paroles à découvrir fin janvier au Théâtre 145 et en mars à l’Autre rive d’Eybens. Ça valait bien une interview en amont.

Ce spectacle, J’ai pas toujours dansé comme ça, raconte une partie de votre histoire…

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Bouba Landrille Tchouda : Il s’est imposé comme une forme d’urgence. À 46 ans, je me suis dit qu’il y avait autour de moi plein de gens, à commencer par mes enfants, qui me connaissent sans me connaître réellement. Qui ignorent par exemple que je suis arrivé en France en situation irrégulière, à 7 ans. Je l’ai découvert moi-même lorsque j’ai voulu signer un premier contrat. J’ai donc eu envie d'évoquer de mon parcours. C’est devenu un spectacle quand j’en ai parlé à d’autres et notamment à Nasser Djemaï, le metteur en scène. Mon histoire l’a touché. Cette fois, je fais un peu tout, comme si je m’adressais à des potes installés dans mon canapé : je danse, je parle, je bricole la lumière et le son, j e bois un verre d’eau, je m’arrête quand je veux… La forme est un peu particulière.

D’où un travail supplémentaire pour un danseur. Vous l’avez appréhendé avec facilité ?

Non. Avec Nasser, on a discuté, pris des notes, et à un moment, dans le studio, j’ai tenté de « jeter » devant lui ce qui pouvait se jouer à l’évocation de certains moments de mon parcours. Et je n’ai fait que danser ! Cela n’a jamais été simple pour moi de prendre la parole devant des gens. Mon travail avec Nasser a consisté à définir comment on s'approprie cette dimension sur le plateau.

Pour dire quoi ?

Aujourd’hui, si j’en suis là, c’est grâce à certaines personnes, avec qui j’ai découvert ce qu’était la poésie. J’ai pris conscience qu’il était possible de dire les choses au plus grand nombre et sans violence. J’ai compris que la vie était belle. L’ethnopsychiatre Tobie Nathan dit qu’on devrait voir les migrants comme les ambassadeurs d’un monde nouveau. Ils passent d’une langue, d’une culture, d’un pays à un autre. Ils doivent se repositionner pour se fabriquer une nouvelle place. Ces considérations guident ma démarche artistique.

D’où une dimension politique dans votre travail ?

Je ne me vois pas sur scène pour simplement amuser la galerie. Aujourd’hui, les questions sur la différence nous bousculent de plus en plus : elles sont au cœur de ce que, très modestement, la compagnie Malka essaye de mener, avec tous les publics. C’est peut-être en cela que ce travail est politique. D’après moi, quand on rencontre quelqu’un, il est important de se dire qu’il sait quelque chose que nous ne savons pas. Et réciproquement. On peut vivre ensemble si chacun fait un pas vers l’autre. Ce que je présente est aussi porteur de ce sujet : j’ai croisé beaucoup de gens sur mon parcours et peu auraient misé un kopeck sur mon avenir…

Vous en avez souffert ?

Non. Quand j’étais gamin, à la Villeneuve, je n’avais pas l’impression de manquer de quelque chose. Ce n’est qu’un peu avant mes 18 ans que j’ai pris une claque et me suis effectivement senti différent des autres. Certains m’ont alors transformé en me faisant prendre conscience que j’étais quelqu’un de bien. J’ai frayé mon propre chemin et, désormais, je peux donner au public quelques repères pour comprendre cette trajectoire.

Cela veut-il dire que vous ne danserez plus jamais autrement ?

Je l’ignore. Je sais une chose : bien que mon travail de chorégraphe me prenne beaucoup de temps, cette rage qui faisait qu’après l’école, je retrouvais mes potes pour danser dans la rue, est toujours là, même si elle se traduit autrement. Ce qui est important pour moi, c’est de la transmettre. Il n’y a pas beaucoup de gens de ma génération qui dansent encore. En fait, j’en ai besoin. Tant que ma « mécanique » fonctionnera, je continuerai.

Jouer à Grenoble, c’est spécial pour vous ?

Je me sens intensément isérois. Chaque fois que je reviens, la vue des montagnes m’apaise. C’est ici que j’ai envie de poser mes bagages. J’ai beau faire des choses à travers le monde, ça me fait toujours quelque chose d’être là où tout a commencé. C’est mon ADN.

J’ai pas toujours dansé comme ça
Au Théâtre de Poche jeudi 30 janvier, à 19h30, et vendredi 31, à 20h30

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