Hommages à Vienne

Difficile de célébrer chaque année le jazz et ses différentes filiations, sans invoquer régulièrement l’esprit, et la lettre, de grands anciens comme Nina Simone, Sun Ra ou Joni Mitchell. Des soirées qui sont souvent l’occasion d’explorer non seulement les frontières entre les générations mais aussi celles qui séparent, pour mieux les réunir, les genres. Stéphane Duchêne

Nina Simone, incarnation des musiques noires, réfutait absolument le terme de «jazz» : «Jazz est le terme blanc pour définir les Noirs, ma musique est de la musique classique noire». C’est sans doute pour cela que trois grandes dames, trois admiratrices venues d’horizons aussi différents que la chanteuse et pianiste Lizz Wright, la diva Dianne Reeves ou la soulwoman du Bénin Angélique Kidjo peuvent sans problème rendre un hommage conjoint à la grande Nina, sous l’égide de la propre fille de la chanteuse. Seule condition à l’exercice, comme Nina : chanter la vérité, «Sing the Truth». Fille du jazz, de la folk et de la pop, Yaël Naïm a également vu comme une évidence sa découverte de Joni Mitchell. Elle qui ne rechigne pas à reprendre ses pairs de temps à autre (écouter Toxic sa reprise de Britney Spears) se délectera, en plein festival jazz, des chansons de la Canadienne. Laquelle a apporté un écot considérable et souvent méconnu au jazz.

Saturne, Alabama
Essentiellement classée au rayon folk, notamment pour ses fréquentations (elle fut mariée à Graham Nash de Crosby, Stills & Nash) et son disque le plus connu, Blue, Joni Mitchell a passé la majeure partie des années 70 à enregistrer des disques sous hautes influences jazz, collaborant même un temps avec Charlie Mingus et Herbie Hancock. La notion de frontière, Sun Ra l’a lui, complètement faite exploser. Avec son orgue synthétique, qu’il fut le premier à utiliser dans le jazz, sa seule limite semblait être le cosmos. Sun Ra prétendait être né sur Saturne (l’état civil préférant prudemment opter pour l’Alabama) et du haut de ses inspirations cosmiques produisit plus de 200 albums de musique givrée en compagnie de son Arkestra. C’est ce dernier qui, emmené par le complice originel du maître décédé en 1993, Marshall Allen, 85 ans, reviendra sur un voyage musical intersidéral autant que sidérant qui a véritablement tiré le jazz vers le (très) haut.

Jazz à Vienne
Comme chaque année, Jazz à Vienne oscille au rythme du jazz. Que ce soit entre les différents genres affiliés au jazz, qu’ils soient d’origine africaine (Seun Kuti, Youssou N’Dour, Oumou Sangaré), rendus au blues (Lucky Peterson) ou au tropicalisme brésilien (Gilberto Gil). Ou entre la nourriture pour puristes jazzeux (Archie Shepp), le lyrisme reconnu (Barbara Hendricks) et la grande variété (Seal). Bref, une ouverture aussi grande que celle du Théâtre Antique. Du 27 juin au 10 juillet au Théâtre Antique de Vienne.

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