Libé forum : jour 1 Vendredi 18 septembre

9h30 : Sur la place de la Comédie qui relie l'Hôtel de Ville à l'Opéra de Lyon, tout est en place. Des panneaux rouges annonçant la soixantaine de débats sont placardés sur les façades et chacun cherche sa salle. Où se déroule telle rencontre pour laquelle chacun a pu réserver sa place sur Internet ? Il ne manque plus que les cartables scotchés au dos pour imiter une rentrée des classes pour adultes. Les premiers absents sont de marque. Lech Walesa, «fatigué» a renoncé à faire le déplacement. Il devait discuter avec Laurent Fabius en début d'après-midi de la manière dont le syndicat Solidarnosc a changé le monde. Il faudra se replier demain sur la rencontre entre Hubert Védrine et Jaruzelski pour avoir un témoignage d'un autre grand acteur de la Pologne des années 80. La thématique de ces trois jours est un regard sur les vingt ans qui se sont écoulés depuis la chute du Mur. Parmi les autres absents annoncés d'emblée : Vincent Peillon.10h20 : La grande salle de l'opéra est copieusement garnie. La secrétaire d'état Rama Yade planche sur «le sport peut-il former les citoyens ?» aux côtés d'Arnaud Mourot, fondateur de Sport sans frontières. Fidèle à elle-même, elle s'exprime sans circonvolutions et évoque la vérité du sport («sauter 2, 01m signifie sauter 2, 01m et rien d'autre») qu'elle ne retrouve «que trop peu en politique», dit-elle. Elle ne prend pas de gants non plus pour parler de l'état des infrastructures sportives du pays. Elle affirme sans détour que «nos équipements sont obsolètes et c'est encore pire dans l'outre-mer où les piscines et les stades ont en moyenne 70 ans d'âge». Sur le sujet épineux de l'OL land prévu à Vénissieux, elle rappelle curieusement que si les investissements pour le stade sont privés, les infrastructures de transport pour s'y rendre seront publiques, comme une manière de prouver que l'État ne délègue pas tout à la sphère privée et assure son rôle de financeur dans le domaine du sport. Or c'est précisément ce que reprochent les élus de l'Est lyonnais à ce projet : ils ne souhaitent pas que leurs électeurs payent pour que les supporters du club puissent se rendre dans un stade souhaité par Jean-Michel Aulas, patron du club septuple champion de France. Toutefois ce stade n'est pas seulement une volonté de l'Olympique lyonnais puisque qu'il constitue aussi un pilier du dossier de candidature de la France pour organiser l'Euro foot 2016. Rama Yade est aussi adepte des grands écarts maîtrisés. Après avoir fustigé les salaires indécents des sportifs et prouvé qu'elle connaissait par cœur son abécédaire des transferts footballistiques (les arrivées de Ronaldo, Kaka et Benzema au Real Madrid n'ont aucun secret pour elle), elle cite Jean-Luc Godard. Le cinéaste avait déclaré en 1998, peu après la victoire de la France en coupe du monde de football que «si on avait su que cette fête se terminerait par Barthez embrassant un Mac Donald, on se serait méfié de cet engouement». Si elle arrive à glisser un peu de références culturelles ce matin, le lien avec l'Éducation nationale est en revanche plus difficile à établir. Un auditeur lui suggérait avec iconoclasme de permettre aux professeurs d'EPS d'être également éducateurs sportifs pour s'occuper pendant qu'ils ne corrigeaient pas les copies d'élèves qu'ils n'ont pas. Elle a tenté de répondre sérieusement et a dit se heurter, comme ses prédécesseurs, aux syndicats d'enseignants. L'heure est au statu quo. Toutefois, elle insiste et conclue qu'à l'école «le sport en doit pas être considéré comme facultatif et écrasé par les «humanités»».11h 15 : Hier encore se jouait sur la scène noire de l'Opéra ‘Beach bird’, une chorégraphie de Merce Cunningham. Les oiseaux athlétiques se sont tus, place aux animaux. Des animaux politiques. Daniel Cohn-Bendit habite autant l'espace que les danseurs d'hier et pourrait se passer de micro tant il sait clamer ses argumentaires. Face à lui, ô surprise, point de Martine Aubry comme annoncé mais Claude Bartelone qui la remplace courageusement au pied levé. Officiellement, la Première secrétaire du PS ne veut pas rencontrer la figure charismatique d'Europe écologie car elle doit auparavant s'entretenir avec Cécile Duflot, son homologue pour les Verts. Le public, qui remplit le parterre et les trois premiers balcons de l'Opéra, n'y croit pas vraiment, invoquant la peur de Martine Aubry de débattre alors que l'ouvrage, accusant les amis de sa motion d'avoir bourré les urnes en sa faveur lors des élections internes du parti, est encore tout chaud. Cohn-Bendit réaffirme la volonté de voir les Verts jouer un rôle égal à celui du PS dans l'opposition : «nous ne sommes pas le sparadrap des socialistes». Le tutoiement est de rigueur et il appelle vivement «son ami Claude» (Bartelone) à changer la manière de faire de la politique, rassembler sur les convergences plutôt que de constamment chercher les points de divergence avec le Modem ou le front de gauche : «Welcome in the club !» s'exclame-t-il. Vivement applaudit avant de filer prendre un avion pour Francfort, le Franco-Allemand glisse encore un mot sur la situation locale. En vue des élections régionales de mars, il affirme que Philippe Meirieu, pédagogue et longtemps sympathisant du PS, est le mieux placé pour mener la liste des Verts en Rhône-Alpes.

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