Journées du patrimoine : Pister les utopies

À Lyon, Villeurbanne ou Givors, les maires ont eu une idée simple : faire en sorte que les gens modestes soient bien chez eux. Les journées du patrimoine sont l’occasion de visiter des appartements des Gratte-ciel, du quartier des États-Unis ou encore de la cité des Étoiles de Givors. Coups de projecteur sur ces constructions du XXe siècle à l’âge d’or du béton, regroupées par le Grand Lyon sous l’appellation d’Utopie réalisées. Nadja Pobel

Les Gratte-ciel – Villeurbanne - 1934
Sous l’effet de l’essor industriel de la fin du XIXe siècle, la population de Villeurbanne double tous les vingt ans. Lazare Goujon (SFIO), maire médecin et hygiéniste, cherche à améliorer les conditions de vie de ses administrées et lance, avec les architectes Môrice Leroux et Robert Giroud, le chantier des Gratte-ciel : des immeubles d’une hauteur jamais vue en France, 9 à 19 étages. Avec un nom venu d’Amérique et une organisation spatiale nouvelle (des commerces et des brasseries au pied des immeubles ainsi qu’une bourse du travail, un théâtre et une piscine en-dessous), l’édile offre aux prolétaires un confort réservé jusqu’alors aux plus aisés. Ces 1450 logements ont de la lumière, des ascenseurs rapides, des cuisines à électricité, des terrasses pour la plupart d’entre eux et le chauffage central. Cette construction surprend jusqu’à l’ambassadeur des États-Unis qui réclame à Lazare Goujon de venir visiter ce nouveau centre urbain. Pictogrammes du logo de la ville de Villeurbanne encore en 2011, ces gratte-ciel ont de l’avenir et seront prolongés au nord de l’avenue Barbusse. Les travaux devraient commencer en 2014.La Cité Tony Garnier – Lyon – 1934
Inauguré à quelques jours des Gratte-ciel de Villeurbanne, la Cité Tony Garnier résulte d’une volonté du maire de Lyon, Edouard Herriot, de réaliser un boulevard industriel entre la Guillotière et Vénissieux. Dès 1917, il souhaite loger dans ce nouveau quartier des États-Unis 12 000 personnes, essentiellement des ouvriers. Fautes de moyens suffisants, ce sont finalement 1567 logements qui sortent de terre d’après le projet de Tony Garnier. L’architecte comme le maire s’inspirent des réflexions d’Émile Zola sur le progrès social. Les pièces des appartements sont distribuées à partir de la salle à manger pour que tous les occupants communiquent entre eux. Mais en 1980 d’importants travaux de rénovations sont engagés car les appartements manquent notamment de salle d’eau. Les balcons sont à cette occasion fermés par des vitres, créant des bow-windows.La Cité des Étoiles – Givors – 1982
La ville n’est pas très glamour à priori et pourtant il serait plus que dommage de passer à côté de Givors. À seulement 15 minutes de Lyon (et 4, 50€) en TER, pas d’excuses donc pour ne pas se rendre à la Cité des Étoiles. Comme à Villeurbanne et Lyon, c’est l’acharnement du maire, le communiste Camille Vallin, qui permet à ce projet d’habitat social de voir le jour. Après avoir refusé 26 projets de grands ensembles qui ressemblent pour lui trop à des cages à lapin, il opte pour la trouvaille d’un architecte communiste, Jean Renaudie. Des 1200 logements possibles si une tour avait été édifiée, il n’y a finalement que 207 appartement, tous différents, construits en forme d’étoile avec chacun deux balcons de 3 à 90m². La qualité de vie est privilégiée à la masse. Renaudie meurt un an avant que ne soit inauguré cet ensemble qui aujourd’hui est composé à 75% de HLM et à 25% de copropriétés.

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