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Jean-Pierre Martin : les loges de la folie

Littérature / Avec "Mes fous", son dernier roman, l'éminent Jean-Pierre Martin suit les pas d'un homme qui cherche refuge dans la folie des autres. Un beau traité de mélancolie et comment la soigner. Ou pas.

« Je n'ai pas la prétention de soulager les corps errants. C'est plutôt moi que je tente de calmer. Ma conduite magique pratique le détour infini. Par une sorte d'homéopathie, suivant avec passion, dans le lit du fleuve de la ville, tel un orpailleur, le filon de la folie qui affleure, je cherche à remédier à ma propre obsession. »

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« Les corps errants », c'esr ainsi que, sous la plume de Jean-Pierre Martin, longtemps éminent professeur de littérature et spécialiste de Michaux, Sandor nomme ces fous qu'il attire comme un aimant autant qu'ils attisent sa curiosité (grand thème martinien) comme si son désordre intérieur leur était familier et parce qu'à travers leur travers, il cherche à comprendre le sien, aligné sur la schizophrénie de sa fille Constance et le décrochage mental de son père perdu dans l'exégèse d'un roman familial qui dérape ou se referme sans sommation : « jusqu'à maintenant, la mort en général m'avait paru probable, mais pas certaine » philosophe Sandor à la mort de sa mère.

Fous moyens

Avec Sandor, on déambule, physiquement et mentalement, dans la ville : Lyon, comme une ville-cerveau. C'est là que les « corps errants » se cachent, à la vue de tous, fondus dans la foule parce que « pour eux, la ville n'est jamais assez dense. Il leur faut une scène vaste, un public nombreux (...). La folie c'est une occupation de l'espace ». D'autant plus envahisssant, les fous que « portant comme des tatouages, toutes nos misères ». C'est pourquoi on préfère les ignorer et pourquoi lui les voit trop bien : « Les passants affairés s'y habituent comme l'idiot du village. Pas moi. » Cela pourrait faire de lui l'un des leurs, catégorie « fous moyens analytiques ».

Cette obsession incontrôlable pour les fous, Sandor la creuse aussi dans l'écriture, évoquant les folies de figures littéraires (Hölderlin, Walser...). Mais rien ne fonctionnera mieux que de quitter la ville, dont les détours tiennent davantage du mal que du remède. Et de mettre le cap sur "La Vie", lieu-dit bucolique où renaître. Il convient de n'en pas dire plus pour conserver le charme résilient de Mes Fous, sublime éloge de notre éternelle lutte contre la mélancolie qui pose en creux une question : de qui sommes-nous les fous, si ce n'est de nous-mêmes ?

Jean-Pierre Martin, Mes Fous (L'Olivier)
À la librairie Passages le mardi 15 septembre à 19h

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