Nos retrouvailles

de David Oelhoffen (Fr, 1h39) avec Nicolas Giraud, Jacques Gamblin...

Après s'être beaucoup cherché dans le court-métrage (dix ans de son initial film à chute Le Mur jusqu'à l'auteurisant Sous le bleu), David Oelhoffen se révèle vraiment avec ce premier long-métrage très attachant. L'excellente idée du film est de parler d'un sujet finalement rebattu (les retrouvailles entre un fils et son père longtemps absent) en le projetant dans une structure de film noir qu'Oelhoffen traite avec sincérité et amour du genre. L'introduction, plus subtile qu'elle n'en a l'air, montre les deux se jaugeant et se domestiquant à la faveur d'une poignée de séquences d'ivresse nocturne ; ils passent de bars en boîtes, de nuits en nuits, dans un mouvement perpétuel (les journées sont résumées par un plan fixe immuable où le fils fume une clope entre deux plonges dans un restaurant d'hôpital). Comme si assumer sa paternité tardive avec un post-ado nécessitait de se mettre à sa hauteur, et en faire d'abord un bon pote de bringue. Mais, comme dans tout bon polar, cette réconciliation a un prix tragique : le père est en fait un petit escroc sans envergure, se muant le temps d'un casse en braqueur amateur et irresponsable. Oelhoffen va alors décrire avec précision l'engrenage dans lequel le fils est emporté, tiré vers le bas par pitié plus que par réelle affection. Jusqu'à la scène, très forte, du casse, traitée en temps réel avec une réelle urgence, retrouvant le souffle des meilleurs films noirs de Jules Dassin. La réussite de Nos retrouvailles tient beaucoup à ce refus de privilégier le trajet intime des personnages sur leur progressive immersion dans l'action. Et si le film laisse de côté des seconds rôles potentiellement intéressants (comme la serveuse jouée par Marie Denarnaud, qu'on aurait aimé voir faire autre chose qu'essuyer des verres), c'est aussi pour se concentrer sur son tandem central : l'étonnant Nicolas Giraud, sorte de Jalil Lespert charismatique, et un très grand Jacques Gamblin, crédible en loser dépressif qui se rêve pathétiquement flambeur grandiose.CC

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