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D'Anton Corbijn (Ang, 1h59) avec Sam Riley, Samantha Morton...
S'attaquer à la légende d'un artiste est un exercice périlleux. Surtout lorsque celui-ci est aussi vénéré et fantasmé que Ian Curtis, chanteur et parolier de Joy Division, disparu à l'âge de 23 ans. Chaque fan s'attendra à ce que le film ne s'adresse à lui et à personne d'autre, que chaque plan mettant en scène son idole soit une glorification ajoutant sa pierre à l'édifice.
Anton Corbijn, photographe et clippeur ayant côtoyé Curtis, a su à ce titre couvrir ses arrières, tout en optant pour des partis pris visuels et narratifs tranchants. Il adapte le livre de Deborah Curtis (veuve du chanteur et productrice du film avec Tony Wilson, ancien responsable de Factory Records), et s'est adjoint les services des musiciens originels pour une partie de la bande-son. Mais son optique est de s'intéresser à l'homme plus qu'à ses créations (même s'il sacrifie, en une occasion malheureuse, à une explication de texte expéditive). Corbijn transpose ses obsessions esthétiques (un noir et blanc organique, des jeux déstabilisants sur la profondeur de champs, qui isolent ici le sujet jusqu'à le marginaliser totalement) à une trame diffuse, refusant toute épate.
Sam Riley, interprète incandescent, se fond dans les plans, nous fait ressentir les fêlures de Curtis jusqu'à la lassitude, jusqu'à ce qu'on en vienne à détourner le regard et l'attention pour ne se focaliser que sur ses ahurissantes prestations vocales. C'est en cela que le film, au-delà des déceptions qu'il ne manquera pas d'occasionner, est une réussite puisque tout le propos de Corbijn réside dans cette contradiction dévorante : celle d'un artiste qui donnait beaucoup trop de lui-même dans l'exercice de son art, faute de pouvoir exprimer ses sentiments dans un autre contexte.
François Cau
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