de Victor Maldonado et Adrian Garcia (Fr-Esp, 1h20) animation
Parmi les nombreux dessins animés lancés en ce moment sur les écrans, histoire de calmer pendant deux heures la marmaille en vacances, Nocturna mérite un peu plus d'attention. Pas forcément pour son résultat final (ni vraiment bon, ni franchement mauvais) mais pour l'alliance inédite qui a présidé à sa production. D'un côté, Marc Bony et Gébéka Films, heureux producteur et distributeur lyonnais de Kirikou ; de l'autre, Julio Fernandez et sa société Filmax. Fernandez, producteur des très grands films fantastiques espagnols traumatisants signés Balaguero, Nacho Cerda ou Paco Plaza, tente ici l'aventure du cinéma tout public. Pourtant, on retrouve ici quelque chose de ce cinéma à l'imaginaire fécond et torturé, dont Nocturna pourrait être la traduction animée et enfantine : la peur du noir et l'angoisse de l'abandon, thèmes centraux de Darkness ou du bien nommé Abandonnée, trouvent ainsi des prolongements assez passionnants. Dans un orphelinat peu rassurant, Tim rêve chaque soir de décrocher les étoiles, jusqu'à ce que celles-ci finissent par se décrocher toutes seules pour disparaître mystérieusement. Une jolie idée va alors illuminer le film : la nuit, c'est une petite entreprise de bruitages et d'effets spéciaux artisanaux (du vent qui fait claquer les volets jusqu'à la rosée du matin) assurée par des professionnels prenant des traits humanoïdes fantaisistes. Dommage que l'intrigue paraisse toujours avoir un train de retard sur la découverte de ce monde parallèle et fascinant, préférant jouer la carte du conte symbolique plutôt que celle de l'illusion cinématographique expliquée aux plus petits. Dernier bémol : le choix, pour assurer les voix françaises, de quelques briscards de la télé, à commencer par l'indéfendable Jean-Luc Reichman, dont nos rêves d'adultes le voient plutôt se péter les deux jambes sur ses foutues marches plutôt que d'aller doubler de son timbre nasillard un divertissement pour bambins.Christophe Chabert
