La grande réforme ?

Zoom / La grande réforme des universités est lancée. Plus d'autonomie, plus de moyens, plus de pouvoir pour les présidents... Qu'est-ce qui va changer pour les étudiants ?Dorotée Aznar

Le 1er août dernier, la loi qui donne une plus grande autonomie aux universités a été votée. Le texte adopté modifie en profondeur le fonctionnement des universités : les conseils d'administration seront réduits de moitié et le président de l'université deviendra le véritable maître à bord. Les présidents d'université, qui avaient milité en faveur de plus d'autonomie, pourront à terme choisir leurs enseignants et leurs chercheurs, créer des enseignements et conclure des accords avec les grandes écoles, les entreprises... Ils disposeront par ailleurs d'un droit de veto sur l'affectation des personnels et pourront recruter des contractuels. En pratique, la réforme se fera par étapes. La première consistera donc à élire les nouveaux conseils d'administration. La seconde, qui débutera en 2008, permettra aux universités de choisir si elles prennent tout de suite une autonomie totale (avec notamment la gestion du personnel et de l'immobilier) ou si elles préfèrent y aller progressivement. Actuellement, les universités ne sont en effet pas propriétaires de leur patrimoine immobilier qui appartient en quasi-totalité à l'État. Pour la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Madame Pécresse : "la réforme que propose le gouvernement fait le pari de la liberté et de la responsabilité", en confiant aux universités "des responsabilités qu'elles n'étaient pas en mesure d'assumer auparavant". Pour elle : "c'est ainsi que nos universités pourront garder, attirer et retenir les meilleurs", assurant par ailleurs que l'État se porterait "garant de l'égalité entre étudiants, entre territoires et entre établissements". Du côté des étudiantsL'égalité entre les étudiants n'est pas le plus mince des problèmes à résoudre. Madame Pécresse a indiqué qu'elle allait ouvrir"cinq chantiers pour changer l'Université", l'un des cinq portant sur l'amélioration des conditions de vie étudiante. Concrètement, la première bonne nouvelle pour les étudiants est que les droits d'inscription à l'université ne devraient pas augmenter (en France, c'est l'État et non les universités qui fixe le montant des droits d'inscription). Pour trouver des fonds, les universités ne pourront donc pas essorer les étudiants, mais devront nouer des partenariats avec des entreprises, créer des fondations... Par ailleurs, et dès la rentrée 2008, le bénéfice des bourses devrait être étendu à davantage d'étudiants. La barre des revenus familiaux donnant accès à une bourse sera donc réévaluée (actuellement, un étudiant n'a pas droit aux bourses sur critères sociaux si le revenu de sa famille dépasse 1400 euros par mois) et devrait permettre à 50 000 étudiants supplémentaires d'être exonérés des frais d'inscription, ce qui portera le nombre d'étudiants boursiers à 550 000. Pour ceux qui n'ont pas droit aux bourses et qui travaillent pour payer leurs études (un étudiant sur deux environ), il a été décidé que les revenus des étudiants de moins de 25 ans seront défiscalisés dans la limite de trois SMIC par mois (2 955 euros au total !), même s'ils sont rattachés au foyer familial.Les mots tabouS'il est un mot tabou quand on s'attaque à l'université, c'est bien la sélection à l'entrée. Les syndicats étudiants y sont farouchement opposés. L'idée est donc, pour ne pas se mettre une grève sur le dos, d'aider les élèves de terminale à s'orienter. Les lycéens devront désormais transmettre un dossier dans l'université où ils comptent s'inscrire. Au vu du dossier, l'université émettra un avis favorable ou défavorable mais qui n'aura aucun effet contraignant. Le futur étudiant pourra s'inscrire où bon lui semble, quel que soit l'avis émis, le Bac restant le sésame qui ouvre les portes des universités. Quant à la sélection tant décriée, elle est pourtant déjà effective. Les meilleurs élèves désertent généralement les bancs de la faculté pour s'inscrire dans les filières sélectives. Lionel Collet, président de l'université Lyon 1 déclarait à ce propos dans Libération : «Qui peut nier l'attractivité des écoles à finalité professionnelle, qui peut nier le désintérêt grandissant des bacheliers mention très bien pour l'université au profit des classes préparatoires aux grandes écoles, qui peut nier que ces derniers rejoignent l'université pour des formations hautement professionnalisantes ?».Pour ou contre la réforme ?Pour Vincent Michelin, chargé d'enseignement à Lyon 2, ancien collaborateur parlementaire de Jack Lang et militant PS dans le Rhône «le problème structurel des universités ne va pas se régler en trois semaine». Il affirme que cette loi est «une bombe à retardement qui ne prend pas en compte les raisons sociales de l'échec des étudiants en premier cycle». Même s'il admet que les universités françaises sont à la traîne (on ne trouve aucune université française parmi les 50 premières dans le monde), l'un des véritables problèmes demeure l'absence de débouchés pour les doctorants. Et le risque de cette loi est «d'augmenter l'écart entre les universités et donc entre les étudiants». Le président de l'université Lyon 1 pionnière dans la création de fondation d'entreprise, a quant à lui déclaré récemment : «la réforme inquiète, à juste titre, mais propose des avancées courageuses». Les étudiants auront très prochainement l'occasion de juger sur pièces.

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Vendredi 11 octobre 2024 Sans être bouleversante, la nouvelle Biennale d’art contemporain remplit sa mission : nous faire découvrir une ribambelles d’artistes contemporains internationaux peu connus, souvent jeunes, aux propositions les plus variées. Avec pour point...
Jeudi 10 octobre 2024 Qu’est-ce qu’une forêt ? C’est la question que pose cette exposition pour toute la famille à la bibliothèque de la Part-Dieu, proposant d’y répondre en empruntant moult sentiers. 
Jeudi 10 octobre 2024 Les jeunes aussi (et surtout) font leur rentrée. Voici trois coups de cœur parmi les titres sortis en littérature jeunesse cette rentrée, qui tombent à point nommé pour s'occuper pendant les vacances scolaires.
Mercredi 9 octobre 2024 Après 37 ans d’existence, la Fête du livre de Bron s’arrête brutalement, mettant un terme à un événement culte qui réunissait écrivains, libraires et artistes autour de la littérature. 
Mercredi 9 octobre 2024 Dans le cadre du lancement de la Fête de la science 2024, quatre jeunes chercheurs ont été récompensés pour l’excellence de leurs travaux. Trois d’entre eux ont reçu le Prix de la jeune recherche, et un projet "coup de cœur" a été distingué lors...
Mercredi 9 octobre 2024 Il y a quand même deux-trois avantages à l’automne : cap sur l’Ardèche et son parc régional naturel gorgé de châtaigneraies. C’est la pleine saison et elle s’annonce excellente pour s'offrir une balade de castagnades en castagnades et célébrer...
Mercredi 9 octobre 2024 Cinq ans d’espérance de vie en moins pour un ouvrier par rapport à un cadre. Derrière les chiffres, il y a les corps : os, muscles, et ligaments fracassés par la pénibilité des tâches. Et aussi Cartilages, le récit en fragments de Ludovic Villard...
Mercredi 9 octobre 2024 Quand des majorettes de 40 à 75 ans investissent la scène autant pour lancer le bâton que pour se raconter, ça donne le spectacle "Majorettes" imaginé par Mickaël Phelippeau. Une pépite émouvante à découvrir à la Maison de la danse.
Mercredi 9 octobre 2024 Exceptionnellement, pour cette quinzaine, nous avons choisi d’aborder quatre films repris en copies restaurées. Juste avant l’arrivée sur les écrans de sa Palme d’Or Anora, Jokers remet au goût du jour les premiers longs-métrages de Sean Baker,...
Mardi 8 octobre 2024 Le 30 septembre dernier, Morgan Labar a été officiellement nommé directeur de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) de Lyon, succédant à Estelle Pagès. Historien de l’art et critique, il prend les rênes d'une institution en pleine...
Mercredi 9 octobre 2024 Après avoir estomaqué la Cour d’honneur du festival d’Avignon cet été, ce chœur battant de femmes dit au TNP comment la guerre en Ukraine les disperse et les rassemble. Puissant.
Mercredi 2 octobre 2024 Les deux bâtiments que se sont appropriés des collectifs de riverains aux abords de la place Mazagran (Lyon 7ᵉ) ont été expulsés ce mercredi 2 octobre à partir de 6h30. 
Mercredi 2 octobre 2024 Une sélection 100% "entrée libre" pour l’habituel rendez-vous mensuel avec les meilleures expositions de la ville. Entre hommages nécessaires et célébrations amicales, silences introspectifs et spirituels, expérimentations photographiques et...
Lundi 30 septembre 2024 Malcolm X de Spike Lee  Après avoir été révélé avec Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, et fort de succès tant critique que public (Do the Right Thing, Jungle (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X