Livre / «Certains racontent que c'est moi qui ai fait les Stones. N'importe quoi. Ils étaient déjà là. Ils n'attendaient qu'une chose. Être exploités», confie, un rien hypocrite, Andrew Loog Oldham, manager des Stones de 63 à 67, dans Rolling Stoned. S'il s'agit avant tout d'une autobiographie de l'intéressé, le livre, sorti fin 2006, met aussi largement en lumière la métamorphose de cinq post-ados dingues de blues en stars planétaires. Publicitaire venu de la mode, attaché de presse des Beatles à 19 ans, Andrew Loog Oldham appliquera très tôt aux Stones les techniques d'un nouveau marketing rock. Les Beatles sont gentils et bien coiffés ? Les Stones seront sulfureux et échevelés, comme le soulignent les slogans qu'il leur concocte : «Les Rolling Stones ne sont pas qu'un groupe de musique mais un mode de vie» ou encore «Laisseriez vous votre fille épouser un Rolling Stone ?». C'est lui encore qui poussera Jagger et Richards à composer, quand ils n'avaient pas d'autre ambition que de reprendre à leur sauce salace des standards de rythm n'blues. Tout ce qui sera un frein à l'ambition qu'il a pour eux, et qu'ils ne tarderont pas à faire leur, sera d'ailleurs écarté : trop moche, Ian Stewart, un temps clavier du groupe, est transformé en intendant et Brian Jones, progressivement privé des responsabilités premières au sein de «son» groupe. Mais au bout de cinq ans, Loog Oldham s'ennuie, et, consterné de voir les Stones tomber dans le piège psychédélique avec Their Satanic Majesties Request, quitte le groupe. En dépit de l'intelligence froide de ses recettes marketing, il ne reproduira jamais avec d'autres ce qu'il a réussi avec des Stones, qui, sans lui, suprême injustice, rouleront beaucoup plus loin qu'il n'avait osé l'espérer (Mick ayant retenu toutes ses leçons). Devenu has been après avoir mené la danse des Swingin' Sixties, ALO échappera même de peu à la folie. Contrairement à une machine Stones complètement emballée et bientôt ivre de sa propre gloire. SDAndrew Loog Oldham - Rolling Stoned (Flammarion)
