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Le Retour de Peter Pan

Il a séduit les spectateurs avec ses deux premiers spectacles La Symphonie du hanneton et La Veillée des abysses, dans lesquels il présentait son univers onirique et enfantin. James Thiérrée débarque à Lyon avec sa nouvelle création, Au revoir Parapluie. Entretien. Propos recueillis par Dorotée Aznar

Au revoir Parapluie, votre dernière création, est inspirée du mythe d'Orphée. Allez-vous raconter une histoire ?
James Thiérrée : Je suis plus dans la divagation que dans la narration. Je pars d'un cadre et puis je prends beaucoup de libertés. Au revoir Parapluie ce n'est pas l'histoire d'Orphée, mais un voyage. Bien sûr il y a des liens : le personnage principal va aller chercher la femme qu'il aime, mais le but n'est pas de raconter une histoire. Ce spectacle est en continuité avec les deux précédents, j'y développe un langage et un univers très personnels, assez abstraits. Je me méfie beaucoup des spectacles purement visuels qui tentent de trouver une caution avec une narration plus ou moins bancale.

Les arts du cirque sont largement représentés dans vos spectacles, quelle place accordez-vous à la danse ?
Dans cette nouvelle création, j'ai donné une place beaucoup plus importante à la danse. Comme je ne suis spécialiste en rien, je suis attiré par toutes les formes artistiques et j'ai estimé que j'avais le droit de tout faire... Pour moi, la danse n'est pas classique ou contemporaine, c'est un sentiment humain qui appartient à tous. Dans Au revoir Parapluie, il ne reste plus grand-chose du cirque à part le trapèze. Mais même ce trapèze est un objet plus théâtral qu'un objet de chapiteau.

Dans vos spectacles, les artistes sont souvent conduits à se moquer d'eux-mêmes et à prendre de la distance avec leur discipline. C'est important pour vous l'autodérision ?
Avec les clichés que véhiculent la vie circassienne et la mouvance du «nouveau cirque», je pense en effet que la distance est très importante. La distance permet de contraster un propos sérieux avec l'humour, même si je ne suis pas partisan de faire rire grassement les spectateurs. Les artistes avec qui je travaille ne sont pas uniquement des techniciens, je cherche cette petite chose qui n'appartient qu'à eux. Dans mes spectacles, je ne cherche pas l'exploit physique comme cela peut-être le cas au cirque.

Vous parlez d'humour. Ce qui frappe dans vos spectacles, c'est le caractère enfantin de votre univers où l'humour est toujours très innocent.
C'est vrai et d'ailleurs c'est un peu pour cette raison qu'Au revoir Parapluie vient clore un cycle, ce spectacle est une sorte d'adieu. J'ai 32 ans, des cheveux blancs (beaucoup) et il faut aussi que je sorte de cet humour-là. Mais j'aime cette simplicité, ce côté très direct «proposition/réaction» qui permet d'atteindre des choses profondes. Je sais que je continuerai à utiliser ce langage, mais sans doute pas de manière aussi exclusive. Je dois être à l'écoute des moments de ma vie et pas uniquement reproduire ce qui a fonctionné avec le public. Quand on a trouvé un «filon artistique», il faut ensuite aller plus loin. Dans Au revoir Parapluie, il y a quelque chose de mélancolique, j'ai d'ailleurs mis du velours noir un peu partout... Je pense que ce spectacle vient boucler la boucle commencée avec La Symphonie du hanneton.

La presse ne peut s'empêcher de parler de votre travail sans faire référence à votre mère Victoria Chaplin, votre père Jean-Baptiste Thiérrée et bien sûr votre grand père, Charlie Chaplin. Ça vous agace ?
Avec un grand-père comme le mien, il faut avoir une stratégie... Je me suis toujours prêté au jeu des journalistes qui interrogeaient les lois de la génétique en me disant qu'à un moment, on se rendrait compte que j'avais fait mes preuves et que je n'avais plus besoin de cette carte de visite. Je pense que les gens ne sont pas très favorables aux «fils de» et que cela à d'ailleurs plutôt tendance à les détourner d'un artiste. Pourtant, il n'y a rien à faire, le temps passe et je suis toujours le «petit-fils de Charlot» ! Je ne vais pas lutter ! Je travaille avec ma mère et cela participe encore à la mythologie familiale. Elle me propose toujours deux ou trois monstres à intégrer dans mes spectacles et comme mon nouveau spectacle est en continuité avec les deux précédents, je ne voyais aucune raison de ne pas le faire...

À propos de «famille», vous aviez travaillé avec Uma Ysamat, incroyable musicienne, chanteuse et comédienne dans vos deux premiers spectacles mais pas cette fois...
Mes équipes techniques sont restées les mêmes sur ces trois spectacles, mais je travaille effectivement avec trois nouveaux artistes. C'est une volonté de ne pas faire toujours la même chose ou comme disent tous les artistes de «se confronter à d'autres univers». J'ai recréé un petit groupe de cinq artistes, c'est le maximum pour que le public (et moi) puissions découvrir des individus, des vraies personnes qui nouent des liens entre elles. Quant à Uma Ysamat, nous nous connaissons depuis très longtemps, je l'ai rencontrée quand j'avais quinze ans. Il ne s'agit que d'une petite pause et nous allons travailler de nouveau ensemble. Elle est fantastique et tellement sensuelle... Je l'adore !

Au revoir Parapluie
À la Maison de la Danse Du 14 au 29 avril

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