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Des polars à bon port

La programmation cinéma de Quais du polar prouve, de Melville à Corneau en passant par Chabrol, que le film policier français a une longue et belle histoire derrière lui. CC

On vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... C'était le temps où le polar français avait de la gueule, où il était même probablement ce qui se produisait de mieux dans le genre après Hollywood. Quais du polar a, cette année, misé sur cette page d'histoire glorieuse pour illustrer son versant cinématographique. Grâce lui soit rendue, car si certains pensent encore que le cinéma policier français, c'est Truands, Pars vite et reviens tard et Contre enquête, on leur conseille d'aller à l'Institut Lumière voir les films de Melville, au Comœdia découvrir Série Noire d'Alain Corneau et au CNP Odéon pour assister à la nuit blanche concoctée par Claude Chabrol.Mythes et réalités
Melville, d'abord. Il incarne le styliste du polar français, celui dont la patte est immédiatement reconnaissable. À l'Institut Lumière, pendant tout le week-end, on pourra même voir ce style se raffiner jusqu'à l'ascétisme final du radical Un flic. Révélé par des films aux scénarii solides et aux mises en scène tenues (Bob le flambeur, Deux hommes dans Manhattan et son premier chef-d'œuvre Le Doulos), Melville s'accomplit quand il commence à travailler ses personnages comme des archétypes mythologiques (le sommet étant Delon dans Le Samouraï) qu'il promène dans des zones obscures où les frontières entre bien et mal sont constamment brouillées. Le tout avec un désir d'épure et de précision qui culmine dans la scène du casse silencieux du Cercle rouge. Manque à l'appel de cette rétro Le Deuxième Souffle, dont Alain Corneau vient de terminer le remake très attendu. Ledit Corneau ressort pour le festival ce qui est sans aucun doute son plus grand film : Série Noire. Franck Poupart (Dewaere, gigantesque), minable VRP, se retrouve dans une sale affaire où il tente d'arracher une jeune fille mutique (Marie Trintignant) des griffes de sa tante qui la prostitue pour des robes de chambre. Témoignage d'une époque (la France à la fin des 70's, ses terrains vagues glauques, ses travailleurs immigrés déphasés...), le film est d'une noirceur absolue même si les dialogues, signés Georges Perec, ne reculent jamais devant une étonnante drôlerie. Enfin, Chabrol, désigné «parrain» de la manifestation cette année (ce qui est amusant, dans un festival de polars !) prend ses quartiers libres cinématographiques au CNP Odéon. D'évidence, Chabrol est un homme de goût : sa programmation, de qualité supérieure, flâne de la France (L627 de Tavernier) à l'Amérique (Gun Crazy, stupéfiante série B), du classique (Règlements de comptes de Fritz Lang) à la modernité (l'excellent The yards de James Gray)... Il s'est même gardé une place de choix en ouverture de cette nuit blanche avec son méconnu Nada, polar gauchiste adapté du grand Jean-Patrick Manchette.

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