S'accrocher aux branches

Théâtre / Le titre de la nouvelle création de Michel Raskine donne le ton : Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ? Amateurs de simplicité : fuyez ! Dorotée Aznar

Le premier quart d'heure de Me zo gwin ha te zo dour peut laisser perplexe. Des motifs floraux abominables partout (des costumes aux papiers peints, jusqu'à l'écœurement), des personnages aux noms tellement imprononçables qu'on se demande régulièrement qui est qui, des dialogues à la limite de l'absurde ou pseudo-lyriques, et des choix de mise en scène étonnants (les animaux sont soit des peluches, soit des personnages qui portent des peluches sur la tête !). Pourtant, il serait dommage de lâcher prise, et ce, même si une brebis carnivore vous rote et vous pète à la tête, ce qui est aussi moyennement agréable que moyennement drôle. Le texte de Marie Dilasser pose pourtant de vraies questions et de manière plutôt judicieuse. La jeune auteur issue de l'Ensatt interroge en effet l'identité mais à un simple «qui suis-je ?» elle préfère un «qu'est-ce que je vais être d'autre que ce que je suis maintenant ?». Elle refuse le traitement cérébral pour jeter ses personnages dans une quête concrète, brutale, presque animale.Veau, vache, cochon angora à poil rouxSur scène, trois tableaux, trois volets se succèdent, ayant chacun pour héros central un des trois personnages de la pièce. À savoir, Paule Kadillac qui aimerait beaucoup avoir un pénis et tente de renaître homme, mais qui aime quand même Boruta Priscillone le sans-papiers. Qui lui, du coup, aimerait bien ne plus en avoir, de pénis et se met à porter des robes. Et puis il y a la mère de Paule, qui perd le même jour son époux et sa maîtresse, qui deviendra grand mère d'un gosse qui passe du ventre de sa mère au dos de son père avec une facilité déconcertante... Entre ces tableaux, des intermèdes joués par les animaux de la ferme, véritable histoire dans l'histoire, permettent à un taureau (fort distingué) de tailler le bout de gras avec une brebis (carnivore) et une truie (angora rousse) et de s'interroger par la même occasion sur leurs conditions de vie et leurs drôles de patrons. Si, selon les dires même du metteur en scène, le théâtre de Marie Dilasser n'est pas aisé à lire, il n'est pas simple non plus d'entrer en tant que spectateur dans ce qui s'avère pourtant être une farce parfois crue, voire franchement grossière, mais assurément tordante.Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ?Jusqu'au 9 févrierAu théâtre Le Point du Jour, 7 rue des aqueducs, Lyon 5e (04 78 15 01 80)

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