Second Life

Musique / Razorlight est le genre de groupes qu'on attend toujours un peu au tournant, en général avec un flingue chargé. Et ce, pour d'immuables raisons quand il s'agit de rock britannique : pantalons moulants et bottines luisantes, têtes à bourre-pifs, et leader hâbleur, ici Johnny Borrell, au brushing façon bolduc et aux propos risibles du style : «je suis le nouveau messie du rock, aimez-moi et je sauverai vos âmes souillées par les Kooks, mes ennemis jurés». Leur premier album, Up all night, n'avait pas calmé nos a priori : une poignée de singles tranchants, certes, mais emballés dans du flan. Bref, comme beaucoup de leurs aînés de la «grande» époque britpop (Cast, Shed Seven, Menswear et 16 000 autres dont les noms nous échappent) et trop de leurs contemporains, les Razorlight étaient voués à ne pas survivre au second album et à retourner vendre des talonnettes dans quelque boutique de Muswell Hill. Sauf que non. Si Razorlight, album éponyme donc, reste un disque de pure pop britannique, il se démarque par le haut du tout-venant de la production actuelle. Pour la première fois depuis longtemps dans le rock anglais, on n'y trouve aucun éloge aux Clash ou aux Cure, usés jusqu'à la corde par les citations surnuméraires d'une poignée de Philippe Sollers à guitares. Et si d'autres maîtres sont convoqués, ils prouvent surtout que Johnny Borrell a su décoller London Calling de son mange-disques : on pense au pub-rock de l'autre Elvis, Costello, prince du persiflage (à qui Borrell doit beaucoup, en chant comme en paroles) mais aussi à la rythmique saccadée de Roxy Music ou aux tubes gluants et délicieusement datés des Cars, que Razorlight transforme en une poignée de tubes jamais faciles mais efficaces. Rien que pour ça, on promet de déposer notre flingue au vestiaire du Kao. Stéphane DuchêneRAZORLIGHTAu Ninkasi Kao Dimanche 4 février

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