«Mettre le bordel dans les cases»

Entretien / Antonia Baehr, artiste queer, performeuse, cinéaste et chorégraphe berlinoise présente Nom d'une pipe, du 19 au 21 janvier, aux Subsistances. Propos recueillis par Dalya Daoud

Pouvez-vous dévoiler quelques éléments de la création «Nom d'une pipe» ?Antonia Baehr : Le choix du «geste de fumer la pipe», parmi les chapitres du texte de Wheehler, a été évident parce que je suis moi-même une fumeuse de pipe. Dans cette forme courte, nous nous demandons de quelle façon un geste peut être créateur d'une identité. Et pour cela on a envisagé un paysage audio qui sera projeté, fait de blablabla constant, dans un univers très calme. Deux fauteuils, deux verres de whisky... Ce sera contemplatif et on ne sait finalement pas ce que toute cette fumée va donner car ce sera une négociation entre le public et nous.Vous montez votre création aux Subsistances de concert avec Lindy Annis…Elle a écrit précisément les choses, et moi je réalise plutôt la partition générale. Pour ma part, je pars du postulat que nous jouons tous sans arrêt des rôles dans la vie. Alors quelles différences et quelles similitudes peut-il y avoir avec ceux joués sur scène ? Par exemple, je suis bien plus excessive en réalité que dans mes pièces, pour lesquelles je suis obligée de me dé-déguiser: j'ôte ma cravate, mon pantalon de costume, mes chapeaux, que je porte quotidiennement. J'ai acheté mes premiers jeans, vêtements que je déteste, pour les besoins d'un spectacle, comme un costume... Lindy, elle, travaille beaucoup sur la parole et le corps, mais aussi sur l'autobiographie et c'est ici que nous nous rejoignons vraiment.Vous êtes quasiment une icône dans les milieux gays, lesbiens et underground berlinois, mais aussi ailleurs aux États-Unis et en Europe. Que pensez-vous de l'image artistique que vous renvoyez ?Mon but est d'être toujours en devenir. Dès qu'une case m'enferme, je veux mettre le bordel dedans. Si on met un tampon sur une chose, on peut considérer qu'elle est commercialisable et qu'elle n'existe plus. Le fait d'appartenir à une identité plus mouvante peut avoir une résonance chez beaucoup de gens, sans doute...

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