Festival / Dans le fond, on ne demande qu'à être surpris. Si ce fin mot (curiosité) est sur toutes les lèvres culturelles, on se demande parfois s'il a encore un sens. Le miracle qui consiste à entrer dans une salle de spectacle pour voir et entendre une pièce, un auteur, un acteur qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam est parfois récompensé par de belles rencontres ; ce fut le cas le week-end dernier aux Subsistances avec la création remarquable de Mark Tompkins, Songs and dance, dont l'accueil triomphal laisse augurer d'une reprise dans nos contrées d'ici la saison prochaine (ça ne serait que justice !). On espère être aussi agréablement surpris devant le programme concocté par le théâtre des Ateliers pour la cinquième édition des Européennes, cycle de lectures-spectacles où un metteur en scène doit faire découvrir un texte méconnu d'un auteur contemporain européen. Mis à part Gilles Chavassieux qui s'attaque à une nouvelle pièce du dernier Prix Goncourt Laurent Gaudé, récit épique et exotique comme l'auteur en a la spécialité, le choix des textes est fortement teinté de contestation sociale façon direct à l'estomac. Qu'ils viennent du Portugal (Notre vie ne vaut pas une Chevrolet), d'Angleterre (Shopping and fucking), d'Allemagne (Elite L1) ou de Roumanie (Uncle Fucker), tous semblent trempés dans un même acide sulfurique ensuite appliqué sur des plaies à vif : provocation, critique et satire mordante devraient former un grand "oui" à cette constitution théâtrale européenne. Les metteurs en scène se collant à la manœuvre (jeunes et tous déjà remarqués, d'Olivier Rey à David Mambouch, par ailleurs auteur du texte qu'il mettra en lecture) stimulent encore cette fameuse curiosité. Souhaitons que celle-ci ne soit point déçue !CC
Les Européennes
Au Théâtre des Ateliers
Les 8, 9, 10 et 11 avril
