Expo / Deux expositions collectives de jeunes artistes au Bleu du Ciel et à la MAPRA, cinq photographes et un peintre, six propositions prometteuses. On s'attardera ici sur deux d'entre elles : la jeune fille au scooter enveloppée sur elle-même, le type au caleçon de bain le regard un peu perdu... Dans les photos de Julien Guinand, les personnages (les paysages aussi d'une certaine manière) sont absents à eux-mêmes, retirés momentanément à leur environnement et occupations, glissés dans une faille du temps. Ils ne rêvent ni ne méditent, non, ils sont juste un peu absents, un peu ailleurs. À deux pas, l'eau et le temps poursuivent, sans eux, leur cours inexorable et monotone. Guinand saisit de brefs temps morts, le hors champ du temps, les silences de la pensée et du désir, des bribes d'inconscient. La chronophotographie montrait des parcelles de mouvement invisibles à l'œil nu, Guinand montre des parcelles d'immobilité invisibles même à celui qui les vit. Bonheur de la photographie quand elle se fait la trace des petites énigmes disséminées parmi la réalité nue. Des énigmes, telles sont aussi les séries photo de Valérie Vincent. Chacune est composée de plusieurs plans issus d'une vidéo numérique et tirés sur papier. Elles sont autant de petites fictions au sens trouble et troublant, faites de détails et de gestes incongrus, peuplées de personnages au comportement un peu bizarre, décalé. Dans une forêt, un type en costard pose son attaché-case, puis se saisit d'une hache... Dans une salle de bain, un homme s'immerge dans l'eau tout habillé et en ressort pensif... La série la moins énigmatique est aussi la plus croustillante : dans Bed and breakfast, le breakfast en question consiste, entre deux cuisses nues, à plonger ses lèvres dans la coupe cunnilingue d'une vulve offerte. Bonheur des petits-déjeuners au lit !Jean-Emmanuel DenaveMarie Baronnet, Julien Guinand, Tatiana Milenkovic au Bleu du Ciel jusqu'au 6 février. Jean-Marie Delthil, Claire Poiroux, Valérie Vincent à la MAPRA jusqu'au 29 janvier.
