My Bloody Underground
(A Record/Differ-ant)
Inimitable Anton Newcombe. Ceux qui l’ont vu dans Dig ! remercier son public à coups de pompes dans la tronche le savent : l’homme est instable. Capable de répondre favorablement à une demande d’interview et trois jours plus tard lorsqu’on le relance, de rétorquer qu’on peut se coller nos questions dans le derrière. Mais quand il s’agit de musique, le leader de BJM ne rit plus, lui qui a commis dans l’indifférence une poignée d’albums majeurs de ces dernières années tels que Bringing it all back home again – paf, Bob Dylan – ou Their Satanic Majesties Second Request – boum, les Stones. My Bloody Underground est son premier album depuis Dig !. Autrement dit, une paille. Dans l’œil, la paille, car Newcombe, exilé en Islande, revient fort, glacial et toujours commercialement suicidaire. Le disque, téléchargeable gratuitement avant même sa sortie, commence avec l’entêtant Bring Me The Head of Paul McCartney on Heather Mill's Wooden Peg (Dropping Bombs On The White House) – prends ça, Paulo – et s’échine à bouffer le psychédélisme par la racine jusqu’à étouffer les vers. L’auditeur, lui, est voué à se perdre dans les catacombes newcombiens (Automatic Faggot for The People – dans ta gueule, REM) jusqu’au trou noir final de Black Hole Symphony. Pourquoi My Bloody Underground ? Parce que le shoegazing abstrait de My Bloody Valentine et le Velvet on ne peut plus Underground de Sister Ray s’y entredévorent ; notre Anton titubant sur le charnier comme le beau diable qu’il est. SD
