Quentin n'a que l'amour

Jusqu’à la fin de la saison, le samedi soir à l’Institut Lumière sera dédié à Quentin Tarantino : ses films, ceux qu’il a écrits, ceux de ses amis… L’occasion de revenir sur un parcours sans-faute et de tordre le cou à plusieurs clichés. CC

Qu’aime Quentin Tarantino ? Pêle-mêle et sans prendre trop de risques, on pourrait énumérer : le cinéma de genre, Jean-Pierre Melville, les dialogues qui crépitent, les gunfights et les duels au sabre, les jolies filles et les belles femmes, les pieds en gros plans, les plans depuis le coffre d’une voiture, le cinéma d’exploitation asiatique, la blaxploitation, les acteurs cultes, Robert Rodriguez, le funk, la soul et la pop des années 70, les fast-foods et la contre-culture… Depuis Reservoir dogs, son cinéma explore ainsi, entre fétichisme et gourmandise, la palette infinie de ses affinités, de ses plaisirs coupables et de ses passions majuscules. Mais Tarantino, auteur à tous les sens du terme, a su faire germer de cet inventaire à la Prévert quelque chose qui n’appartient qu’à lui, une marque, un style reconnaissable entre mille, que beaucoup lui envient jusqu’au plagiat éhonté et sans talent.Défis et des corps
Du talent, Tarantino en a à revendre. Chacun de ses films est ainsi un défi qu’il se lance à lui-même. Reservoir dogs ? Faire un film de casse sans jamais montrer le braquage et en ne racontant que le strict minimum sur le passé des personnages, anonymes et a priori interchangeables. Pulp fiction ? Ressusciter l’esprit des romans bas de gamme dans une forme complexe et sophistiquée reposant sur une construction temporelle habile et de longues conversations plutôt que sur de l’action.
Jackie Brown ? Inventer des héros de films noirs vieillissants mais majestueux, tout en faisant cohabiter le fantôme de la blaxploitation et celui du cinéma classique hollywoodien. Kill Bill ? Poser les bases d’un feuilleton à épisodes qui balaierait tous les genres cinématographiques en les juxtaposant, pour en faire surgir une figure nouvelle, iconisée mais humaine et émouvante, la mariée blessée, amoureuse déçue d’un tueur cruel et mélancolique.
Boulevard de la mort ? Travailler au corps les clichés de la série B des années 70 pour en faire un manifeste théorique sur l’époque actuelle et ses renoncements, repolitiser un cinéma qui militait, derrière sa façade vénale et vulgaire, pour une société plus libre et plus juste. Tarantino a dû, pour arriver à ce film génial mais encore largement incompris, prendre possession de tous les postes (écriture, réalisation, montage, mais aussi musique, soigneusement choisie par le maître, et maintenant cadres et lumières). Tous sauf un, capital : le jeu. On ne dira jamais à quel point le cinéaste aime ses acteurs, que ce sont souvent d’eux que les films naissent (Pam Grier dans Jackie Brown, Travolta dans Pulp Fiction, Uma Thurman dans Kill Bill, Zoe Bell dans Boulevard de la mort…) et que c’est aussi grâce à eux qu’ils sont forts, drôles, touchants.
L’Univers Tarantino
À l’Institut Lumière - Chaque samedi jusqu’au 12 juillet

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