Fête du cinéma : les attachants

Des semi-réussites et des OVNI très très attachants, à déguster de préférence en groupe.

Seuls two
d’Eric Judor et Ramzy Bedia (Fr, 1h34) avec Elodie Bouchez, Benoît Magimel…
C’est avec une sourde appréhension que l’on se rend, sans sommations, à la projection du premier film réalisé par Eric et Ramzy. Encore dûment traumatisé par les visions successives de Double Zéro et Les Daltons (films que le duo renie aujourd’hui), vaguement rassuré par l’étrangeté addictive du très injustement dévalué Steak, on s’attend à tout et à rien à la fois. Ça commence plutôt mal avec une poursuite filmée n’importe comment, assortie d’un running gag carrément bas de plafond impliquant un Eric déguisé en palmier. Quand l’humour se fait plus vachard, et surtout quand le concept du film (les deux lascars seuls en plein Paris) montre ses hilarantes possibilités, le rire point puis cède place à de franches crises d’hilarité. On est, de fait, complètement cueillis par ce nivellement par le haut de la sève comique du duo : l’infantilisation chère aux compères a une nouvelle fois la part belle, mais s’assortit de qualités essentielles dont leurs œuvres étaient jusque-là exemptes. Du rythme, de la folie, de la démesure, et surtout un sens précieux du tempo comique garantissant la bonne tenue du concept de base. Si le discours du film reste profondément et volontairement neuneu, son efficacité excuse beaucoup. FC
Bienvenue chez les Ch’tis
de et avec Dany Boon (Fr, 1h46) avec Kad Merad, Zoé Félix…
Si l’on a toujours du mal à s’expliquer le succès franchement démesuré du sympathique second film de Dany Boon, on se réjouit que parmi la cohorte de comédies françaises “populaires” sorties au même moment (Astérix aux jeux olympiques, Disco, Les Randonneurs à St-Tropez), ce soit le produit le moins honteux et le plus généreux qui ait emporté l’adhésion. Et qu’il ait ridiculisé au passage les ambitions peu louables de Thomas Langmann… FC
Bons baisers de Bruges
de Martin McDonagh (GB, 1h41) avec Colin Farrell, Brendan Gleeson…
Conseil : ne regardez surtout pas la bande-annonce française – non seulement le film de Martin McDonagh ne ressemble pas du tout au dérivé de Snatch qu’on essaie de nous vendre, mais en plus, on nous y dévoile quasiment toute l’intrigue ! Ce polar mélancolique, émaillé de discrètes touches humoristiques, vaut pourtant bien mieux que ce traitement lapidaire. Aussi touchant qu’anodin, Bons baisers de Bruges nous dévoile un auteur proche de ses personnages, et un Colin Farrell une nouvelle fois extraordinaire. FC
Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
de Steven Spielberg (EU, 2h03) avec Harrison Ford, Shia Labeouf…On ne saura jamais ce qu’aurait pu donner sur grand écran le script original proposé par Frank Darabont pour le retour de l’archéologue aventurier. Il faut donc se contenter de cette production George Lucas, de ces tribulations abracadabrantesques et de leurs enjeux expédiés à la va-vite. Mais Steven Spielberg nous offre tout de même de conséquents morceaux de bravoure, dont une intro magistrale, véritable court métrage à part entière. FC
Into the wild
de Sean Penn (EU, 2h27) avec Emile Hirsch, William Hurt…
Alors là, on va au casse-pipe. En quelques mois, le dernier film de Sean Penn est devenu culte, l’emblème d’une génération, le récipiendaire de toutes les frustrations et autres haines de nos sociétés contemporaines. Malgré toute la sincérité dont le projet transpire, on est restés de marbre face à ce lyrisme pas toujours maîtrisé. FC
Las Vegas 21
de Robert Luketic (EU, 2h02) avec Jim Sturgess, Kate Bosworth, Kevin Spacey…
Le pitch de Las Vegas 21 est celui d’un énième film d’arnaque où le voleur finit par être volé. L’originalité du film de Robert Luketic tient à la personnalité de son cinéaste, qui s’est illustré dans le teen movie intelligent avec La Revanche d’une blonde et Rendez-vous avec une star, qui racontaient exactement la même chose. À savoir la manière dont un corps adolescent est écartelé entre deux mondes : d’un côté, celui de ses potes geeks ; de l’autre, l’univers rutilant de Las Vegas. Le film inscrit le trajet de son personnage comme un apprentissage esthétique, comique, éthique et sentimental, parfois un peu lourd, parfois grisant. Surtout quand il trouve écho dans un autre personnage, campé par Laurence Fishburne, qui traque les tricheurs à l’ancienne. Menacé par les nouvelles technologies et par une jeunesse fougueuse, Fishburne est comme le double du héros, un fantôme venu d’une autre époque, celle de la pellicule à l’ère du numérique. CC
La nouvelle vie de monsieur Horten
de Bent Hamer (Norvège, 1h30) avec Baard Owe, Peter Bredal…
Le réalisateur profite de son sujet (les pérégrinations hasardeuses d’un cheminot fraîchement retraité) pour composer un univers à l’esthétique remarquable, aux doux décalages contrôlés. Bent Hamer évite de justesse le piège de l’enfilement de sketchs dans son dernier quart, confirmant que son film est une émouvante ode à la vie.FCSans arme ni haine ni violence
de et avec Jean-Paul Rouve (Fr, 1h28) avec Gilles Lellouche, Alice Taglioni...
Fasciné par le personnage de Spaggiari, Jean-Paul Rouve interprète se cale avec bonheur dans les frusques de cet arrogant m’as-tu-vu, soulevant ses failles avec brio. Le réalisateur se fait lui aussi alerte, mais le scénariste a tendance à se laisser bouffer par l’ampleur de son sujet. FC
Speed Racer
de Larry et Andy Wachowski (EU, 2h07) avec Emile Hirsch, Christina Ricci…
Il faut féliciter les frères Wachowski d’avoir conduit cette folie dispendieuse à son terme, et s’être payé le luxe d’essuyer un crash commercial cinglant mais prévisible. Speed Racer est un caprice de cinéastes mégalos et talentueux qui s’emparent d’un matériau inepte (une fantaisie pour gamins qui aiment faire vroum vroum) mais parfait pour expérimenter le cinéma du futur, celui où toutes les règles classiques seraient renversées au profit d’une hyper-figuration qui rejoindrait, par un effet de boucle, l’abstraction la plus audacieuse. Une telle orgie visuelle au profit d’un script aussi neuneu, ça force le respect ! CC
Sparrow
de Johnnie To (HK, 1h27) avec Simon Yam…
Cette histoire de pickpockets, malgré les nombreuses notations francophiles qui émaillent la mise en scène, n’a pas grand-chose à voir avec Robert Bresson. Ici, c’est le plaisir léger de l’arnaque entre amis que montre Johnnie To, et son film, jusqu’à sa mémorable scène finale, ressemble à une flânerie acidulée, inconséquente mais loin d’être désagréable, un divertissement bien troussé mais plutôt anodin en regard des grandes œuvres sombres et opératiques de son auteur. CC
La troisième partie du monde
d’Eric Forestier (Fr, 1h45) avec Clémence Poésy, Gaspard Ulliel…
Un premier film qui a le mérite de déboussoler complètement son spectateur, pris dans les méandres d’une narration complaisamment retorse. Eric Forestier a le don de trousser des ambiances déstabilisantes, au-delà de faiblesses manifestes (dans la direction d’acteurs, notamment), on attend donc sa prochaine réalisation de pied ferme. FC
Zabriskie Point
de Michelangelo Antonioni (1970, EU, 1h45) avec Rod Taylor, Mark Frechette…
Quand un auteur renommée se fait débaucher par un studio américain pour offrir son regard sur la révolte estudiantine, le résultat trouble. Soit une ode contestataire contemplative, à la naïveté politique brandie en étendard, qui vaut plus pour la singularité de son regard que pour ses qualités artistiques. FC

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