Jazz / Entre stars internationales, mixité musicale et petits lieux qui montent, la rentrée jazz fait aussi l'événement avec l'anniversaire du canonique Hot Club. Stéphane Duchêne
On a peine à le croire mais, en cette rentrée musicale, le Hot Club, temple bien connu du jazz lyonnais, fête... ses 60 ans. Derrière ce nom très prisé d'un grand nombre de clubs libertins (à en croire Google) le Hot Club défriche le jazz depuis 1948. En vedette pour fêter cela, hors les murs (Salle Molière), Richard Galliano, accordéoniste d'artistes aussi divers que Michel Portal, Astor Piazzola ou Claude Nougaro. Mais également un hommage à Raoul Bruckert, fondateur du lieu. Conviés également, les groupes qui contribuent à animer le club tout au long de l'année : Gypsy Groove Gang, Harry Stompers Big Band ou le quartet de Patrick Maradan. Quatre fois plus jeune, le festival un Doua de Jazz (du 9 au 23 octobre) assume un peu plus cette année son goût de la découverte de jeunes artistes en organisant pour la première fois, en cette 15e édition, son propre tremplin musical. Côté programmation proprement dite, ce sera un doigt de klezmer avec No Mad, un doigt de hip-hop sud-africain avec Tumi & The Volume, un autre de jazz antillais avec Jacques Schwartz Bart et de jungle jazz avec Sayag Jazz Machine. Sans oublier le mélange occidento-oriental avec Pl(a)in Sud et l'oud d'Adel Salamah. Le tout se déroule comme d'habitude entre Théâtre Astrée, Espace Tonkin, CCO et Maison du Livre de l'Image et du Son.
ONL vs Liz McComb
Côté individualités, la saison qui débute nous amènera la star argentine Melingo, qu'on aurait pu classer dans n'importe quelle catégorie de ce panorama de rentrée, tant le ténébreux chanteur (on parle de Nick Cave argentin) malaxe tango, sa matière première, rock, jazz et chanson. Un peu comme Nouvelle Vague et sa bossa nova novatrice, à l'Épicerie Moderne également, et la chanteuse espagnole d'origine équato-guinéenne Buika, dont la musique se nourrit au râtelier jazz funk, en s'imprégnant de musique gitane et de flamenco. Mais pour les amateurs de jazz plus «classique», nul doute que le principal événement de la saison sera l'invitation faite par l'Orchestre National de Lyon à Liz McComb. Sous la direction de Kristjan Järvi, l'orchestre et la diva interprèteront entre autres des airs de Porgy & Bess, des rythmes sud-américains et des chansons de Duke Ellington. Autre venue de poids, Joshua Redman, génie précoce du saxo aujourd'hui star mondiale. Songez que, quand le fils de Dewey Redman a poussé son premier cri, le Hot Club venait de fêter ses 20 ans. Signe d'une belle vitalité de cette musique sans âge. C'est ce que démontre notamment le Périscope, à Perrache, qui depuis quelques mois, donne un coup de jeune au jazz et aux musiques improvisées tout en proposant des résidences, des répétitions publiques, des stages et une vraie ouverture. Une preuve s'il en fallait une, qu'en 60 ans d'existence, le Hot Club a fait des petits.