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Le retour du fils prodigue

Musique / Après un passage à vide et l’éclosion de son demi-frère Seun, Femi Kuti, fils du grand Fela, revient avec son premier véritable album studio depuis 2001. Plus vaillant que jamais car désormais fort de ses faiblesses. Stéphane Duchêne

Le premier, Fela Kuti, père de l’Afrobeat, a subi les foudres de l’État Nigérian dont il dénonçait dans une orgie musicale sans fin et avec l’outrance de la liberté absolue, les excès, la cruauté et la corruption. C’était il y a trente ans, et aujourd’hui rien n’a changé : le Nigéria est toujours un pays effrayant, d’une violence et d’une pauvreté alarmante en dépit d’importantes ressources pétrolières (5e producteur de l’OPEP). Le pays le plus peuplé d’Afrique est ainsi le seul parmi les gros producteurs mondiaux de pétrole à présenter un budget déficitaire (pour ne pas dire catastrophiquement en faillite). La faute à une corruption endémique, à une criminalité hors norme et à une instabilité politique à l’avenant. Quand votre vice-président se prénomme, sans rire, Goodluck, c’est que quelque chose ne va pas. On peut dès lors comprendre qu’atavisme familial mis à part, Femi Kuti n’ait guère eu d’autre choix que de reprendre le flambeau paternel, tant il y avait non seulement à dire mais aussi urgence à secouer, au sens propre comme au figuré, un pays et un continent tout entier au son de cette arme tranchante, dansante et politique qu’est l’Afrobeat.

Folie free jazz
La tâche est d’ailleurs si vaste que son demi-frère Seun, de vingt ans son cadet, a lui aussi embrassé la carrière de gourou musical, ressuscitant même l’orchestre de Fela, Egypt 80. À ce qu’on dit, les deux frères ne s’entendent guère, le second ayant, il est vrai, un peu volé la vedette à son aîné ces derniers temps. La faute notamment à un passage à vide de Femi, consécutif au décès de sa mère en 2002. Le voilà de retour, prêt à en découdre, dans le monde entier comme sur la scène de son club de Lagos la tentaculaire, le Shrine. Et bien décidé avec son album Day by Day, à chercher à se libérer du carcan musical familial. Sur l’un des titres de l’album, l’obsédant et très habité Do You Know, Femi cite outre son père, quelques grands noms du jazz, John Coltrane, Dizzy Gillespie, Billie Holiday, à qui il confie tout au long du disque une partie de la structure mouvante de son édifice musical. Manière de retranscrire autrement que sous une forme festive, la violence et le désarroi nigérians ; le jazz permettant ici d’inoculer la dose de mélancolie et de folie free jazz suffisante pour dresser le plus fidèlement possible l’état des lieux de ce pays dingue qui imprègne chacun de ses disques. Et de le confronter à ses blessures personnelles.

Femi Kuti & the Positive Force
Au Transbordeur, jeudi 13 novembre
«Day by Day» (Label Maison/ Pias)

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